L'amour non réciproque est la malédiction infinie d'un coeur solitaire.
Point de Vue Lolita – 06 février 2078.
Daniel vint vers moi. Il s'installa sur le sofa où j'étais assise. Il semblait nerveux. Je soupirai en levant les yeux au ciel, détaillant par la même occasion la salle de repos dans laquelle nous étions, seuls. Un bar se présentait derrière une petite cuisine aménagée, tandis que le canapé sur lequel nous étions, faisait angle de l'autre côté de la pièce. Une table ronde finissait de remplir l'espace au centre. Il se rongeait les ongles. Cela faisait déjà quelques mois qu'il était dans cet état. Je pensais aussi qu'il n'avait pas vraiment fait le deuil de son frère. Je n'avais pas tout de suite cru à son décès, mais lorsque j'eus son cadavre sous les yeux...
Son père m'avait conviée à son enterrement, quelques jours après mon internement. Je crois que je n'avais pas arrêté de pleurer pour lui. Même si nous n'étions pas très amis, peut-être même un peu rivaux, puisque j'étais la meilleure amie de Victoire et, lui, son petit ami, j'avais pleuré. Pas que pour lui, pour mes amis et ma famille perdus également, dont je savais que je ne les reverrai probablement jamais. En même temps, qui me certifiait que j'allais revoir Xena, les filles, ou même mon père ?
Alors, quand Dpékan m'avait demandé de rejoindre ses rangs, je n'avais pas tout de suite accepté. J'étais en plein deuil, ce n'était pas le moment de me lier à ceux qui m'avaient fait du mal. Enfin, c'était ce que je pensais. J'avais d'ailleurs refusé tout de go. J'étais catégorique. Je ne voulais pas trahir mes amis. Or, quand j'avais appris que c'était un groupe résistant qui avait assassiné ma famille et quelques-uns de mes amis, et non le gouvernement qui m'offrait la possibilité de me venger, mon sang n'avait fait qu'un tour. Depuis, je n'avais plus jamais versé une larme. Ma rage était telle que pleurer n'aurait servi à rien.
J'avais rejoint Dpékan et ses sous-traitants une semaine après. Ils m'avaient fait faire un examen sportif et de connaissances. Ils souhaitaient savoir si j'étais apte et si j'avais plutôt l'âme d'une guerrière ou d'une dirigeante. Après un long débat dans le conseil des directeurs, ils avaient tranché en faveur d'une dirigeante. J'avais donc, sous ma gouverne, une trentaine de personnes dites « aquas » et quelques centaines de « terras », dont Daniel, qui faisait partie de la première catégorie.
Nous étions chargés de glaner des informations en infiltrant des groupes de résistants, puis, quand le fruit était bien mûr et leur pleine confiance acquise, de les traquer et de les exécuter. Je trouvais cette chasse à l'homme diablement excitante, même si la trahison ne faisait pas partie de mes valeurs.
Au contraire, pourchasser des personnes, qui étaient responsables du chaos de notre nation et coupables de meurtres de familles entières, avait un goût jouissif. C'étaient des monstres, il fallait qu'ils paient les vies qu'ils avaient prises ! Je pensais beaucoup à Xena, les filles et ma famille. Ils m'avaient laissée seule en mourant et je pensais qu'infiltrer les rangs de la milice était le meilleur hommage que je pouvais leur faire. Je souris à cette pensée.
J'aurais tellement aimé que mon père me vît maintenant, qu'il soit fier de la femme forte que j'étais devenue en l'espace de quelques mois. Certes, j'avais fini seule, mais je m'étais fait pas mal d'alliés et j'étais également crainte. Un jour, je remettrai la main sur ses recherches et je poursuivrais ses travaux en sa mémoire.
— Daniel... Arrête d'angoisser comme ça, ton stress est contagieux !
— J'aimerai t'y voir, tiens ! C'est pas toi qui vas trahir un groupe que tu as infiltré il y a plus de quatre mois !
— T'es tombé amoureux ? demandai-je en croisant les bras.
— Quoi ? Mais pas du tout !
— Tu sais que tu vas devenir terra si tu tombes amoureux d'un résistant ?
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Fiksi IlmiahEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...