L'effronterie face à un danger n'est pas de la bravoure, mais bien de la stupidité.
Point de Vue Lolita — 10 février 2078
Non, mais quel idiot ! Si je n'étais pas aussi saine d'esprit, je me frapperai volontiers la tête contre les murs de ma chambre tellement ce qu'il avait fait était stupide. À quel p*tain de moment, tu balançais ton laïus et tes preuves aux yeux de tout le monde alors que le coupable était à deux mètres de toi ? Et surtout pour faire quoi ? Essayer de les convaincre ? Alors que Dpékan pouvait les voir ? Non, mais sérieusement ? Quel c*n, mais quel c*n, mais quel c*n !!!! Il n'avait même pas réfléchi deux minutes aux conséquences de leur confier ce qu'il m'avait confier quelques heures plus tôt !
Autant pour lui que pour moi d'ailleurs ! Il paraît qu'il m'aimait, mais il m'avait quand même f*utue dans la m**de jusqu'au cou sans être inquiété ! Parce que là, à moins d'avoir des arguments solides, aucun plaidoyer ne me fera sortir indemne et Dpékan me sautera dessus. Autant que pour Daniel. Il avait lancé contre cette andouille farcie, une mise à prix et un escadron de ce qu'il nous restait d'armée. Il devait nous rester environ deux cents soldats, – le chiffre de mon rêve était faux, – il le voulait mort ou vif.
J'avais peur quand même pour lui. Ça faisait vingt minutes que je tournais en rond dans ma chambre sans parvenir à concentrer mon esprit sur une seule chose, mais ce qui revenait, c'était la question : était-ce de ma faute ? Je savais que je n'aurais pas dû le repousser violemment comme je l'avais fait, surtout que cela ressemblait plus à une humiliation, mais... Le souci, c'était qu'il m'avait prise de cours en me passant la bague au doigt sans que je ne dise oui, et surtout, que ses sentiments n'étaient pas partagés... J'aimais Victor. Et je l'aimais toujours, malgré la mort.
Je n'étais pas très croyante, mais j'espérais qu'un jour on serait de nouveau réunis, quelque part, en attendant, je survivrai autant que possible pour lui prouver que j'étais forte. Surtout pour vivre pour deux : il avait des rêves et des projets que je ferais à sa place, pour lui rendre hommage. Je ne voulais pas qu'il soit mort en vain. Je ne souhaitais pas que le résistant kamikaze ait eu sa peau sans qu'il puisse lui aussi jouir de la vie. Quoiqu'il en fut, j'espérais que le départ précipité de mon aqua ne soit pas de ma responsabilité.
Je m'assis finalement et me pris à rêver d'une autre vie. D'une vie où la GEE n'avait pas eu lieu. Où tous ces morts seraient bien vivants. Et où je passerai mon bac de français comme des milliers de premières. Je soupirai. C'était une utopie qui ne pouvait être viable, vu tous les événements. Il n'y avait plus d'école, plus de professeurs, que des soldats ou des chefs guère plus vieux que moi. Oui, la société restante était composée le plus souvent de jeunes, en tout cas de notre côté, je ne savais pas pour les résistants.
Les vieux étaient soit morts lors de la GEE et des jours qui ont suivi, soit morts de faim par la suite, soit avaient intégré les résistants. Sur ce point, je doutais de ça, sinon les résistants n'auraient pas pu écraser notre armée. Par contre, ceux qu'ils avaient envoyés en surnombre étaient bien des jeunes, au maximum la trentaine. Je ne comprenais pas comment je n'avais pas pu y penser. Surtout avec cette taupe de Iolé. On vint toquer à ma porte et j'ouvris, appréhensive.
Derrière, deux agents se présentèrent, malgré mon statut de caeli et bras droit, je ne les reconnus pas. Armés, ils me demandèrent de les suivre. Dpékan n'avait pas prévu plus pour une traîtresse ? N'ayant pas trop le choix, je m'exécutai sans attendre de me faire prier. Les couloirs qu'on parcourut me semblèrent moins accueillants que d'habitude. Peut-être parce que je les arpentais désormais comme une ennemie ? Mes collègues et subordonnés me regardèrent d'un air à mi-chemin entre la stupeur et le dégoût.
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Science FictionEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...