Il n'est point d'impasse là où on peut faire marche arrière.
Point de vue Paul - 22 octobre 2077
Je l'aimais. Profondément. Il fallait que je lui explique tout. Ensuite, peut-être qu'elle me pardonnerait. Je l'espérais. De tout mon cœur. Le fait qu'elle me rejetait ainsi m'avait refroidi et ma gorge se noua. Elle avait toujours été douce avec moi. Toujours amoureuse, cajoleuse. Ça me plaisait. Les petits rires idiots qu'elle avait quand je plaisantais, son regard empli de désir quand elle me regardait.
Oh, rien de très poussé... Elle mourait juste d'envie de m'embrasser, mais n'osait jamais.
Elle n'avait pas besoin de me le dire pour que je le sache. Seul son regard, passant de mes yeux à ma bouche pendant que je lui parlais, suffisait pour confirmer ma théorie. Je la trouvais mignonne ainsi.Cependant, je devais avouer que ces quatre mois de détention l'avaient quelque peu enlaidie. Elle était plus pâle, plus maigre aussi. Ses os ressortaient un peu et ses yeux bruns avaient perdu leur éclat.
Cela me donnait envie de vomir. Bon sang, que lui avaient-ils fait ? Je levai la main pour toucher sa joue, mais je me ressaisis, elle m'avait fait comprendre qu'elle ne voulait pas de moi. Je serrai alors les poings autant que mon cœur se flétrissait, maudissant mon père et tous ses patrons, car ils m'avaient fait perdre la seule fille que j'aimais.Je reculai un peu comme pour lui montrer que je respectais son choix. Après tout, je le méritais. Je me sentais si faible et impuissant. Pourtant, je voulais la protéger plus que de raison, maintenant. C'était devenu ma nouvelle mission. Je baissai la tête doucement vers ses mains que je voulais prendre et serrer contre moi. Je fermai doucement mes paupières, puis insistai à m'en faire mal. Il fallait à tout prix que j'évite de pleurer devant elle. Malgré la sensation désagréable que j'avais.
Elle ne devait pas cesser de m'en vouloir même si je le vivais mal. Elle était comme ça. Pas rancunière pour deux sous. Sauf pour des choses graves, ce qui c'était le cas. Or, si jamais elle venait à voir les larmes, elle serait prise de remords et abandonnerait toute sa colère. Elle sait pardonner. Trop, trop vite et à tout le monde. Un défaut qu'elle ne pouvait refouler.
Je la regardai à nouveau et déglutis, c'était le moment de lui dire.— Victoire, écoute... C'était mon idée... Ton évasion...
Elle se mit encore à rire. C'était nerveux, je suppose. Cela me faisait mal, mais je tins bon. Il le fallait. Pour elle. Pour son bonheur à elle. Peut-être qu'avec le temps, elle m'excuserait. J'avais foi en son jugement, c'est pour ça que je devais m'efforcer d'être très patient et d'accepter son comportement blessant. Après cela, j'irai de l'avant. J'esquissai un sourire pour cacher ma peine et mon embarras. Je grattai ma nuque avant de reposer ma main sur mon genou en tailleur. Elle finit par se calmer et me fixer intensément du regard comme pour vérifier la véracité de mes propos.
— Victoire, je ne plaisante pas... Je suis allé parler à Lolita, après ton procès. Ça m'a fait mal au cœur de voir ce qu'ils te faisaient, commençai-je tandis qu'elle devenait fébrile.
— Ce qu'ils me faisaient ? Et tu crois qu'ils m'ont fait quoi ?
Elle tressaillit. Qu'avais-je dit de mal ? Je repassai en accéléré mes paroles, mais ne trouvai pas ce qui clochait. Son regard se fit noir et elle se leva, visiblement furieuse.
— Tu crois qu'ils ont été gentils avec moi ? Qu'ils ont été doux ? Qu'ils ont été justes ? Tu sais vraiment ce que j'ai vécu ?! Par ta faute ! Comment tu oses me dire que ça te fendait le cœur ?!
— J'étais au courant de leurs agissements, j'en avais un résumé complet chaque soir, mais j'ai tout fait pour te faire sortir ! Je voulais me faire pardonner, justement !
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Science-FictionEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...