La souffrance ne peut avoir de sens que quand elle ne mène pas à la mort, et elle y mène presque toujours.
Point de vue Daniel — 16 mars 2081
— Maman ? fis-je, triste, en éteignant l'émetteur où transitaient les nouvelles.
— Oui Dan' ? me demanda-t-elle, en quittant son tricot qu'elle confectionnait depuis quelques semaines déjà.
— Violet s'est faite enlever...
— Oh... Par qui ? s'enquit-elle, après une pause qui lui permit sûrement de retrouver sa concentration, étant sûrement partie dans ses pensées.
— À ton avis ? Les agents de Dpékan, concédai-je.
— Bon sang, mais pourquoi ?
— Je n'en sais pas plus que toi, j'ai prêté attention à l'émetteur, à demi pendant une consultation. J'ai vu sa tête et la gondole qui disait qu'elle avait été arrêtée. D'après ce qu'ils ont communiqué en sous-titre, elle se serait infiltrée dans le gouvernement. Pourtant, ils ne nous ont pas dit comment, donc notre couverture n'a pas été grillée. C'est d'ailleurs pour ça que je pense qu'ils veulent également la torturer, ils veulent les autres noms, d'où seulement son arrestation et pas simplement une exécution. Ils veulent nous trouver et nous faire tomber, ils savent qu'il existe encore une résistance, mais ils ne savent pas où.
— Espérons qu'elle s'en sorte...
— Ceux qui vont dans son antre n'en reviennent toutefois jamais, constatai-je, dépité.
— Ne sois pas si mélodramatique, soupira-t-elle.
— Donne-moi un seul nom de survivant ?
— D'accord, tu as peut-être raison, avoua-t-elle après réflexion, mais elle est intelligente, je suis sûre qu'elle trouvera une solution pour s'en sortir.
— Puisse-t-elle t'entendre, priai-je.
Même si ça relève presque de l'impossible, pensai-je. Je m'assis dans le fauteuil près d'elle. Depuis que Violet était partie, l'hôpital semblait moins amusant, non pas que l'hôpital soit un lieu de jeux, mais elle apportait un peu de joie ici. Nous avions une amitié particulière tous les deux et ça m'avait fendu le cœur de devoir lui dire adieu et de quasiment la mettre à la porte de notre établissement. Il fallait dire qu'elle était guérie, que ses difficultés d'élocution avaient cessé et qu'elle paraissait en meilleure forme. En tant que médecin, elle partait, car elle était guérie, en tant qu'ami, elle nous quittait pour sauver sa peau.
La garder avec nous aurait été un risque stupide qu'il ne fallait pas encourir. C'est inhumain de dire ça, mais, si on se faisait prendre, il n'y aurait eu que des blessés, des malades, ainsi que notre équipe médicale, qui auraient été sacrifiés. On n'avait pratiquement aucune chance de s'en sortir en cas d'attaque, alors qu'elle, si. On ne devait pas gâcher cette vie pour rien. Malgré tout, elle me manquait.
Je venais aussi d'apprendre une aussi triste nouvelle par la même occasion : Lolita était morte. Je n'avais plus eu une nouvelle d'elle depuis bientôt un mois. J'avais espéré qu'elle allait bien, qu'elle s'était méfiée de Dpékan, qu'elle avait évolué. J'imaginais qu'elle l'avait fait jusqu'à maintenant. C'était sûrement pour ça qu'elle avait été tuée. Son ancien mentor avait dû apprendre qu'elle avait changé son fusil d'épaule.
Elle avait dû faire quelque chose d'assez grave pour avoir été occie, pratique devenue presque effacée des méthodes d'exécution sous le régime de Dpékan, car jugée trop coûteuse et pas assez efficace. Il fallait ensuite se débarrasser du corps, ce qui était plus contraignant. Je me demandais bien ce qu'elle avait bien pu commettre. Quoi qu'il en soit, elle avait rejoint les anges, en martyr. Cette pourriture devait mourir pour toutes les condamnations qu'il avait faites envers les opposants à son régime autoritaire.
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Science FictionEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...