Chapitre 4 (1/2)

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Un jugement trop prompt est souvent sans justice.


POV Hugo – 5 juillet 2077

Je jetai un coup d'œil au costume que Maman avait posé sur mon lit pendant que je prenais mon petit déjeuner. Je devais me faire élégant, d'après Papa. Je ne savais pas encore vraiment pourquoi.

La semaine précédente, je pensais que Victoire était en voyage avec des amis –ce qu'elle avait écrit– et maintenant je me devais d'aller assister à sa comparution au tribunal. Je m'interrogeais de longues minutes, me regardant dans le miroir sans me voir, boutonnant fébrilement ma chemise. Qu'est-ce qui s'était passé ?

La dernière chose dont je me souvenais était son enthousiasme. Son téléphone avait vibré toute l'après-midi. J'imaginais que cela venait de Paul, c'est d'ailleurs ce que je lui ai dit. Seulement, lui non plus n'avait pas donné de nouvelles. Il n'avait pas cherché à nous contacter, comme s'il s'en foutait que Victoire ait été portée disparue.

Ma colère montait contre lui. Il n'avait pas chercher plus loin, il ne devait plus être amoureux ! Quoiqu'il en soit, on devait assister au procès de ma soeur. Je ne savais pas vraiment ce qu'il s'était passé mais j'espèrais que ce n'était pas trop grave et que je pourrais la voir. Elle me manquait plus que de raison. Je m'attaquai à mon gilet.

Je me remémorais son texto : « Ne m'attends demain matin, je pars très tôt de la maison pour rejoindre Lolita et Paul à la gare. » J'avais laissé passer deux jours avant d'envoyer un message aux amis de Victoire. Ils m'avaient répondu tous les deux la même chose, à quelques fautes près : « Qu'est-ce que tu racontes ? » C'est là que j'avais commencé à paniquer. Elle était partie presque sans rien, on-ne-sait-où et sans prévenir personne. Nos parents étaient choqués et avaient tout de suite lancé l'alerte. C'est quelques jours plus tard qu'ils l'avaient retrouvée, déshydratée, shootée et complètement délirante.

Elle était désormais internée dans un hôpital. Je n'avais, cependant, pas pu la voir avant aujourd'hui. Je tentai d'enfiler et de nouer ma cravate, mais peine perdue, je ne savais vraiment pas comment la mettre. Tant pis, je demanderai à Maman. Je pris ma veste et ma sacoche en cuir, celle-ci ne quittait que très peu mes flancs. C'était un cadeau que m'avais fait Victoire.

Un jour, nous sommes entrés dans une sorte de brocante, ou un magasin y ressemblant. En furetant bien, je l'avais vue. Malheureusement, à l'époque je n'avais pas d'argent sur moi. Je l'avais longuement regardée, avant que nous partions. Seulement, le lendemain, après les cours, ma sœur était revenue dans ce magasin m'achetait cette fameuse sacoche en cuir. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'à mon dixième anniversaire, elle était emballée dans un paquet.

J'avais énormément remercié Vicie et je crois qu'elle était aussi émue que moi, sûrement car elle voyait à quel point cela me faisait plaisir. J'en garde encore un sourire.

— Hugo ? Tu es prêt ? m'interpella mon père.

— Une seconde ! J'arrive ! lui certifiai-je.

Je m'exécutai d'un pas rapide, dévalant les escaliers à une vitesse folle, à deux doigts de m'étaler sur toute ma longueur. Je présentai la cravate à ma mère qui me la noua en quelques secondes. Je la regardai faire, mémorisant ses gestes, pour la prochaine fois. Quand cela fut fait, nous embarquâmes dans l'Audi 8LN de mon père. Nous nous attachâmes et le trajet débuta. Il ne nous fallut qu'une petite dizaine de minutes pour rejoindre le tribunal. Nous garâmes la voiture à la place Churchill puis nous remontâmes, à pied, en face du musée Adrien Dubouché où se trouvait le bâtiment de droits. Nous entrâmes avec une certaine appréhension, je la sentais, malgré la droiture de mes parents.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant