L'homme qui réclame la liberté, c'est au bonheur qu'il pense.
Point de Vue Victoire — 10 février 2078
Je me réveillai ayant eu l'impression d'avoir passé une très bonne nuit depuis longtemps. En plus, malgré la fenêtre ouverte qui faisait voleter les rideaux et les draps fins du lit, j'avais eu chaud. Comme si on avait pu mettre le chauffage, ce qui n'était pas possible dans cette maisonette. De plus, au mois de février près d'une rivière, il ne devrait pas faire aussi chaud... Bizarre... J'ouvris les yeux et vis que j'étais allongée, la tête sur Eydan torse nu. Je rougis. J'espérai qu'il ne soit que torse nu, le bas de son corps étant sous le drap... Je n'osais imaginer.
Je sautai du lit comme piquée par un hérisson et filai dans le salon, gênée et honteuse. Bon sang, mais quelle idée m'a pris de ne pas avoir fait les quelques mètres qui me séparaient du fauteuil ? B*rdel ! J'avais dormi contre lui ! Bien sûr, ce n'était pas un garçon laid, mais tout de même ! De là à dormir dans le même lit !
En plus avec un gars que je ne connaissais pas... Bon, au centre.... mais non, en fait ! Chim, ce n'était pas pareil ! Il avait mon âge, je le considérais comme un frère... Et on n'avait pas trop eu le choix ! Or là, je l'avais eu ! Maudite étais-je ! Pour me changer les idées, je pris mon couteau que je glissai dans une des boucles de mon (désormais) short et griffonnai un mot à son attention. Je priai pour qu'il me relise.
Je quittai la petite maison rocher après avoir fermé la porte, traversai la rivière à gué et m'aventurai dans la forêt, bien décidée à trouver à nouveau de quoi nourrir Eydan et moi. D'ailleurs, il hantait mes pensées... Après, c'était simple, c'était la seule personne présente à je-ne-savais-combien à la ronde et je devais m'en occuper, mais... Quelque chose me paraissait étrange, sans savoir quoi.
Je continuai dans une aire de la forêt que je n'avais pas explorée et aperçus un lapin, pris au piège dans un clapet. J'observai les environs, c'était possible que ce piège eut été posé par quelqu'un qui se trouvait dans la forêt en même temps que nous. Pourtant, je ne vis personne, soit ce quelqu'un était bien caché, soit j'étais bel et bien seule. J'approchais de la bête qui se débattait encore, méfiante, tâtant le terrain de mon pied pour voir si ce n'était pas un double piège. Rien ne se déclencha. Je m'approchai de la bête capturée. Même si cela me fendit le cœur, je lui donnai un coup dans le ventre avec ma lame. Seule partie de son corps hors du piège. Il était fait de deux fermoirs avec des dents se chevauchant. Un plateau actionnait le mécanisme pour les refermer lorsque quelque chose montait dessus. Ça avait été ingénieux de le poser près d'un buisson d'orties. Le pauvre animal, pensant se sustenter, s'était retrouvé bloqué. N'ayant mangé que des racines, de la soupe d'orties et quelques baies jusqu'à présent, avoir ainsi un peu de protéines ne nous ferait donc pas de mal. Je me résolus alors d'utiliser ce piège. Je pris mon lapin par les deux oreilles, rouvrit le mécanisme, remis des feuilles sèches dessus et reculai de plusieurs mètres, afin d'observer sans être repérée.
J'attendis de longues demi-heures et fus contente de ma seconde prise qui rejoignit la première. Plus petite, puisqu'il devait s'agir d'un mulot, mais cela servirait quand même. Je pris ensuite des branchages pour faire un feu et ramenai le tout à notre habitation d'emprunt. Par la fenêtre, et en écartant les rideaux qui ne bougeaient plus, je vis encore dormir Infy. Je pris quelques écuelles et couteaux, puis ressortis le long de la rivière. Je n'avais jamais appris à dépecer un lapin, ni même un mulot, alors je fis comme je pus.
Je les ouvris et sortis la peau que je passai dans l'eau de la rivière. J'avais dans l'idée d'au moins nous faire des chaussettes ou des gants avec la fourrure des deux bêtes. Être en manches courtes n'aidait pas, après tout. Bon, je finissais ça et je me promis de chercher dans l'armoire de la chambre des vêtements un peu plus chauds. Je claquai des dents tout en retirant tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à de la viande crue pour le mettre dans une assiette. Je raclai avec la pointe du couteau les petits éléments de chair restant et nettoyai un par un les morceaux. Certes, je comptais tout faire cuire, mais on n'était jamais assez prudent. Une fois fait, je me levai pour exécuter mon idée première.
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Science FictionEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...