Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.

Chapitre 36 (2/2)

Ce ne sont pas toujours les gens de votre famille qui vous aiment le plus. De parfaits étrangers sont parfois de meilleurs soutiens que les proches.

Point de vue Victoire – 6 mai 2081

Je restais muette quelques instants, son discours tenait la route. J'avais dû me monter la tête toute seule avec cette histoire, et j'avais fait d'elle un monstre horrible qui n'avait pas lieu d'être. Finalement, c'était quelqu'un de bien, et même de plus courageux que moi, vu que je n'aurais pas pu faire tout ça. Dpékan m'a reconnu tout de suite, pour Fulvia, il a fallu attendre trois ans. Et pendant tout ce temps, elle a œuvré pour les résistants.

— C'était quoi, en fait, ce que tu faisais pour la résistance ? la questionnai-je, plus douce.

— J'envoyais des colis de nourriture, la plupart provenant de Lolita et des armes que je confectionnais.

— Lolita donnait de la nourriture ? Tu viens de dire que c'était elle qui avait envoyé l'armée dpékanoise !

— Tu sais, elle aussi n'est pas qu'un monstre sans cœur. Elle a fait des choses horribles, certes : condamner des familles, décimer des populations entières, trahir des groupes qu'elle infiltrait... Mais elle s'est bien repentie quand Daniel, un aqua comme je l'étais, lui a ouvert les yeux sur ce qu'était réellement le mentor qu'elle adulait.

— Daniel ?

— Tu le connais ?

— Si on parle du même, oui, c'était le frère de mon ex, Paul...

— Ah oui, c'est le même. Malheureusement, il est mort, Dpékan a lancé à sa poursuite une horde d'agents, on ne l'a jamais retrouvé, ni lui, ni les agents...

— Il a peut-être seulement disparu, et s'est caché...

— On ne l'a pas retrouvé, c'est pas faute d'avoir cherché...

— J'comprends...

Je ne pouvais pas lui dire que Daniel avait été mon docteur tout ce temps ! Je ne pouvais pas non plus lui dire qu'il se cachait dans les catacombes de la ville ! Dpékan, qui nous regardait, aurait lancé une équipe pour les faire tous sortir, et je ne voulais pas encore condamner des innocents, qui plus est des malades et les seules personnes pouvant les guérir. Car oui, j'en étais persuadé que c'était lui. Il m'avait parlé d'une amie qu'il avait aimée avant de s'enfuir quand j'étais encore à l'hôpital. Maintenant que j'y repensais, la description correspondait bien à feu ma meilleure amie. Alors, Daniel avait bossé également pour Dpékan. Pourquoi alors avait-il voulu m'envoyer chez lui ? S'il savait à quel point il était dangereux, pourquoi il avait voulu que je travaille pour lui ? C'était insensé !

— Je l'aimais beaucoup, même si je ne l'avais pas vu souvent, mentis-je, lui et son frère étaient de bonnes personnes, même si comme tout le monde, ils ont fait des mauvais choix...

— Oh, tu sais, tout le monde en fait... Mais bref, il fallait que je te dise, en parlant de frère, assieds-toi d'abord...

Je m'asseyai par terre, ayant le palpitant prêt à exploser. Elle inspira plusieurs fois, ayant peur de ma réaction. Elle détourna les yeux avant de lâcher :

— Le tien est mort...

— Quoi ?! Non ! C'est pas possible !

Je me mis à pleurer à chaudes larmes. Comment Hugo pouvait être mort ? C'était impossible ! Pourtant, le plan de Dpékan était rodé, me faire passer par tous ceux qu'il avait enlevés ! Il ne pouvait pas avoir tué mon frère avant qu'il ne passe sous mes mains ! C'était cruel, mais j'avais encore à lui parler, à m'excuser, je voulais le revoir. Tout était parti en fumée maintenant.