Le danger dissout tous les liens.
Point de vue Victoire - 22 octobre 2077
J'entendis du bruit autour de moi. Beaucoup d'agitation, surtout. Je me demandais ce qui la provoquait. Je sentais chaque partie de mon corps se réveiller doucement, comme après un très long sommeil. Pourtant, je n'avais pas envie de m'étirer, mais plus de couper tous mes membres, cela me faisait souffrir comme si on m'avait passée à tabac, une nouvelle fois. Des pas se firent entendre dans un escalier.
— Elle est morte ? demanda une voix lointaine.
— Dis pas de conneries, elle respire encore ! la somma une autre un peu floue.
— C'est pas énorme non plus... déclara une troisième intonation, étouffée, en enlevant ses doigts de mon cou pour vérifier mon pouls.
— Mais c'est déjà assez je trouve ! reprit la seconde.
— Elle va clamser avant ce soir... prophétisa une autre.
— Sois pas défaitiste...
— Regarde, elle se réveille !
J'ouvris doucement les yeux à l'entente de voix familières que je reconnus peu à peu. Évidemment, j'étais complètement perdue, malgré ce repère auditif. L'instant d'avant, j'étais en train de courir sur du bitume, au sortir d'un hôpital pénitentiaire, dans une blouse d'hôpital d'ailleurs, la main dans celle de mon petit frère, le même qui avait fait iruption dans ma chambre sans vraiment m'expliquer le pourquoi du comment. Maintenant, j'étais je ne sais où, avec les filles du Pin Vert. C'était peut-être elles qui m'avaient embarquée dans le fourgon qui s'était arrêté devant nous. Avaient-elles mis au point ce plan avec mon frère pour me sortir de là ?
C'était plus que probable. Elles étaient tout sauf idiotes. Elles avaient chacune leur caractère, mais ensemble on pouvait faire tellement de belles choses. C'en était l'exemple parfait. Certes, c'était mon frère qui avait infiltré l'hôpital, mais je me doutais que chacune y étaient allée de son idée, apportant la pierre à l'édifice. Avant même d'ouvrir les yeux, je souris intérieurement. J'étais fière d'elles. Et surtout, j'étais un peu émue de ce qu'elles avaient fait. J'ai haï cet endroit, crié intérieurement tous les noms d'oiseaux que je connaissais sur les possibles commanditaires de mon enfermement, pleuré mon ancienne vie que je ne pensais pas revoir. Maintenant, j'espérais que tout reprenne sa place.
Je papillonnai un peu pour éviter de brûler ma rétine sous le contraste noir-lumière. D'ailleurs, même comme ça, cela me faisait mal au yeux. Je souris faiblement, prise d'une soudaine fatigue, bâillant, et ayant cette grosse envie de me rendormir, même si le sofa où j'étais installée n'était pas des plus confortables. Je devais me réveiller, car je devais les remercier pour ce qu'elle venait de faire. Les filles devant moi poussèrent un soupir de soulagement à l'unisson, rassurées de me voir en vie. Elles avaient vraiment dû s'inquiéter pour moi, au vu de leurs regards anxieux.
D'ailleurs, je pense que je devais faire peur à voir : crasseuse, maigre, blanche. Malheureusement, ces adjectifs devaient bien me décrire actuellement, vu les derniers mois que j'avais dû passer. J'étais également un peu désorientée, je ne savais pas quel jour on était. Je savais qu'on était forcément après juillet, mon procès était passé. Peut-être après septembre vu que les jours n'étaient pas aussi chauds qu'en été. En octobre ou novembre, probablement. Ils avaient vraiment veillé à ce que je n'ai plus la notion du temps pour me perdre davantage. Je me demande encore pourquoi.
Je regardai autour de moi ne sachant pas où je me trouvais.
Les murs de ciment ainsi que le sol en terre battue m'indiquaient que l'on était sûrement dans une cave ou peut-être un garage, mais cela ne m'avançait pas énormément sur l'exactitude du lieu. Je fixai les filles qui étaient accroupies, attroupées autour de moi, avec une franche confusion.
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Bilim KurguEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...