Sois toujours comme la mer qui, se brisant contre les rochers, trouve encore la force de recommencer.
Point de Vue Victoire — 08 avril 2081
J'avais envie que ça cesse. J'avais envie que ce ne soit qu'un horrible cauchemar dont je me réveillerai en haletant et en nage. Or, mon tortionnaire avait bien fait les choses pour me détruire à petit feu. J'avais envie de pleurer, mais je n'avais plus de larmes. Ma gorge était serrée, mais mes joues étaient sèches. J'avais épuisé le stock. Restait seulement le sentiment de mal-être, j'étais comme creuse à l'intérieur. Parfois, je croyais encore entendre la voix de mon ami, mais je savais que c'était mon cerveau fatigué qui s'amusait à mes dépens. Des « nettoyeurs » étaient venus faire leur travail, alors que l'on m'avait certainement endormie de force. Puisqu'à mon réveil, le corps n'était plus là. Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais fini par m'allonger, le regard flou dans le vide. Un immense vide indescriptible.
Comme pour le précédent conte, l'attente fut très longue. Je passai ce qui me sembla des jours à dormir, recroquevillée dans un coin, ayant tenté d'enlever les images de mon ami brûlant vif de mon esprit, complètement choquée par cette violence. Il avait bien calculé son coup. Il voulait me faire plier en m'affaiblissant. Il y arrivait malgré moi. En dépit de tout ce que j'aurais pu offrir pour arrêter cette ignominie, il s'entêtait à continuer le jeu qu'il m'avait concocté. Si tant était que l'on puisse considérer cela comme un jeu. Ça ne m'étonnerait pas qu'il s'en délecte.
Un bruit se fit alors entendre, comme un petit objet qui tombait par terre. Je tournai délicatement la tête pour m'empêcher d'avoir plus mal que je n'avais et vis une petite gélule. Celle qu'ils me donnaient quotidiennement. Enfin, je ne savais pas si c'était quotidien, mais je le supposais, car il m'était impossible de quantifier le temps qui s'écoulait. J'en avais droit à une seulement si j'étais réveillée. Je l'attrapai avec précaution.
L'effet fut immédiat. J'eus un boost d'énergie. Néanmoins, j'eus un frisson de nervosité. Comme les soirs où je m'étais sentie seule, lors des nuits passées au centre. Je me souvins qu'on dormait, l'un contre l'autre, pour se rassurer, avec Chim. Sa chaleur me faisait du bien, je me sentais en sécurité contre lui, même s'il était plus petit que moi. Cette décision, de dormir contre lui, je l'avais prise après qu'un des gars dans le centre ait tenté de m'abuser. J'avais refusé plusieurs fois, mais il voulait me contraindre à sa volonté. Je lui avais donné un coup de pied dans ses zones sensibles. Il s'était reculé, massant la partie qui lui faisait mal.
Il m'avait insulté tandis que je m'enfuyais, complètement affolée, ayant peur qu'il recommence. Je m'étais réfugiée dans un coin de la salle commune. Les gars m'avaient repérée, complètement hagarde et agressive envers ceux qui m'approchaient. Bravant mes interdictions, ils m'avaient entourée et m'avaient réconfortée. Plus tard, ils m'avaient forcée à parler.
Malo me prenant dans ses bras, Nathan me caressant affectueusement la tête et Ilyas m'écoutant attentivement.
Ils avaient serré les poings dès qu'ils avaient entendu ce qu'il venait de m'arriver. Ils étaient prêts à en découdre, voulant mettre à mal, le gars qui avait tenté la manœuvre. Ils étaient allés voir le mec et d'un commun accord, lors d'un des jeux sanguinaires qui survenaient l'après-midi, Chim avait réglé son compte tandis que Ram et Ongcái s'occupaient de ses possibles alliés. En moins de cinq minutes, les quatre infortunés étaient au sol, maîtrisés par mes amis.
J'étais surprise, mais je leur avais souri et m'étais répandue en remerciements. Ils m'avaient demandé une seule chose en retour : dormir dans leur dortoir. J'avais tout de suite accepté. Cela ne faisait que trois jours que j'étais dans le centre et j'avais déjà vu que tout mon dortoir s'était déjà fait violer. Les surveillants voulaient certainement nous détruire psychologiquement pour mieux nous contrôler, c'était pourquoi ils n'avaient rien fait pour empêcher ces atrocités. Je pensais être la prochaine sur la liste, mais je n'y tenais bizarrement pas.
VOUS LISEZ
Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Bilim KurguEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...