La folie est souvent la logique d'un esprit juste que l'on opprime.
Point de vue Victoire – 6 mai 2081
Cette école avait des méthodes jusqu'à lors restées secrètes, mais jusqu'à présent, les enfants revenaient sans défaut majeur et les parents étaient de nouveau sereins. C'était une belle opportunité pour que l'ogresse qu'ils avaient engendré redevienne à peu près normale. Ils cherchèrent comment l'inscrire et furent estomaqués du prix si élevé. Néanmoins, ils rassemblèrent l'argent en quelque temps dans le secret de leur progéniture et ils payèrent l'admission, ils finirent par se dire que cela valait bien le sacrifice.
La petite fille entra alors à cette mystérieuse académie. On lui avait vendu que cet établissement pouvait la rendre plus forte dans toutes les matières scolaires et qu'elle pourrait être imbattable sur tous les sujets. Alors, curieuse de nature, sans tomber dans l'excès, cette fois, elle fut tout de suite conquise.
Les premiers jours se passèrent sans encombres, car l'on y suivait tout de même un enseignement normal, mais très vite la jeune gourmande, ayant trouvé le chemin vers les cuisines, retomba dans ses travers.
Elle fut convoquée une première fois avec, en guise d'avertissement, que si elle recommençait, la punition serait lourde.
Néanmoins, la jeune effrontée recommença sans savoir et surtout sans vraiment se sentir concernée par ledit châtiment. Quelque chose en elle lui criait qu'elle était au-dessus de tout ceci et que ce petit amuse-bouche à l'avocat ne manquerait à personne. Ensuite, elle eut des remords. Elle tenta de cacher son méfait en repositionnant les assortiments verts sur le plateau et en se débarbouillant. Elle quitta vite la cuisine. Son cœur battit la chamade, c'était la première fois qu'elle ressentait une once de peur. Elle ne connaissait pas les punitions d'ici.
Chez elle, ses parents la grondaient, se contentaient de la renvoyer dans sa chambre jusqu'au dîner, mais ici ? Allait-on la punir plus fermement ? L'enfermer une journée entière ou pire encore, l'empêcher de manger ? La petite fille fut prise de terreur. Elle remonta bien vite dans sa chambre, car elle avait fait son expédition pour faire taire sa fringale nocturne. Elle se recoucha comme si de rien n'était. Elle était loin de se douter que le lendemain, la directrice de l'école allait sévèrement la punir. Ses pressentiments se révélèrent vrais.
Le lendemain, la gérante vint la voir au moment même où elle prenait place avec ses camarades sur la grande tablée pour prendre son petit déjeuner. Elle lui demanda de se remettre debout et de la suivre jusqu'à son bureau. La petite fille, un peu effrayée, s'exécuta sous les regards curieux de ses congénères. Elle savait que c'était pour ce qu'elle avait fait la nuit dernière, mais elle avait quand même de l'appréhension. En plus, elle avait faim. Le bureau dans lequel elles entrèrent était immense. Partout, se dessinaient les plus belles courbes que la jeune fille pouvait avoir vu de toute sa vie : des centaines de petits choux vert pomme trainaient sur les plateaux des dessertes, des pièces montées à la crème de pistache décoraient le lieu, on entendait également le clapotis d'une fontaine à chocolat. On voyait par ailleurs le glaçage miroir émeraude des fondants qui ornait les meubles ainsi que les étages vertigineux des mille-feuilles anis sur le bureau de la directrice. La jeune gourmande ne put s'empêcher de saliver. Elle rêvait de plonger son doigt partout et de croquer çà et là les pâtisseries qui s'offraient à elle.
Elle faillit répondre à sa pulsion lorsque l'adulte la rappela à l'ordre avec un claquement de langue agacé. Elle l'invita à s'asseoir devant elle sur un dossier confortable.
— Tu sais pourquoi tu es là, n'est-ce pas ? la questionna la plus âgée.
— Si ça pouvait être plus explicité, je préfèrerais, contourna la fillette.
VOUS LISEZ
Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Science FictionEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...