Chapitre 27 (1/2)

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Vous saurez qui l'on est quand son pouvoir sera sans limite. C'est le moment où les masques tombent.


Point de vue Lolita ─ 13 mars 2081

— J'imagine que oui, vu ton état, ma chère.

— Je suis désolée, je prends mon après-midi, lançai-je en me relevant, avec la tête qui tournait, les larmes aux yeux et la rage au cœur.

Je courus ensuite dans les couloirs, tandis que Dpékan me criait de revenir, qu'il avait une autre personne à me montrer. Honnêtement, je n'en avais plus rien à f*utre. Il m'avait enlevé ma petite sœur, je devais me ressourcer pour éviter de déverser ma bile sur lui et de faire foirer toute ma couverture que je gardais depuis trois ans. Surtout si je f*irais, je mettais en péril les derniers résistants recherchés et je ne pouvais accepter ça.

J'avais changé. Je ne voulais pas régresser. Surtout pas pour ça. Je sortis du bâtiment, attrapai le premier magnétibus, m'accrochant à la barre. Je présentai mon œil au lecteur d'empreinte visuelle et allai m'asseoir sur un des sièges de libres. Je m'installai et regardai au dehors, séchant mes larmes, admirant l'architecture d'une société décadente où tout était déstructuré, les bureaux, les usines, les entreprises agroalimentaires, les immeubles, plus rien ne ressemblait à ce qui existait auparavant.

Tout était carré, seuls la couleur et un signe distinctif les différenciaient comme les cotes des livres dans les bibliothèques. Des centres pour les étrangers étaient disséminés un peu partout. Officiellement, ils devaient servir à ceux qui venaient pour apprendre le français et la formation de leur choix, mais tout le monde savait et fermait les yeux sur ce qu'il s'y passait réellement.

C'étaient des ghettos xénophobes. En trois ans, la population française, littéralement anéantie, était passée d'une vingtaine de milliers d'individus, –la plupart s'étant cachés et ayant fui vers les pays frontaliers, – à près d'un million au vu de tous les exodes. Les autres pays n'étaient pas assez grands pour leur population. Du moins, c'est ce qu'ils se disaient. Dpékan se faisait donc passer pour un bon prince, accueillant tout le monde dans son humble pays.

La vérité était, hélas, toute autre. Non pas qu'il faisait exterminer les populations, mais il les conditionnait et les dissidents étaient renvoyés chez eux sans aucune autre forme de procès. Dpékan voulait une France irréprochable. Pas de pollution, de guerres, de chômeurs, de pauvres, de malades. Si on polluait par quelque forme que ce soit, on était enfermé à vie.

On voulait déclencher une guerre civile ? On était pendu, humilié et souillé comme exemple, pour dissuader les autres de poursuivre. On n'avait pas de travail ? Dpékan vous en trouvait de force. Vous étiez pauvres ? Soit vous deviez travailler plus, soit vous étiez bannis de la société. Vous étiez malades ? On vous implantait de nouvelles cellules souches sans possibilité de rejet, sauf si cela relevait du miracle et là, il vous laissait finir vos jours dans de gigantesque mouroir. Quel grand prince, ce Dpékan ! Pour ce qui était maladie mentale, il enfermait les atteints loin, perdu dans les réserves naturelles pour que personne n'y accède. Il voulait une nation saine, propre et vivante.

Une société qui en faisait vomir plus d'un, se désintégrant un beau matin, las de travailler pour un boulot qui ne le rendait pas heureux et d'avoir une famille choisie par le gouvernement. En plus d'être xénophobe, il était eugéniste. Chaque individu était lié génétiquement avec une autre personne pour concevoir. Pas de place pour l'amour, que ce soit hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, ou d'un genre différent. Tout le monde se voyait attribuer un autre individu pour procréer le meilleur embryon possible.

Chaque spermatozoïde et chaque ovule était analysé pour une union parfaite. Chaque personne en âge de procréer se devait d'aller dans les hôpitaux dédiés à cela. Enfin, la grossesse était faite en ectogenèse*. La femme n'avait donc plus de grossesse et les rapports sexuels n'étaient plus obligatoires, voire déconseillés, pour éviter la surpopulation. Les parents, » cependant, devaient rester ensemble pour accueillir, non pas leurs propres enfants, mais des enfants compatibles avec leur état psychologique.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant