Si tu as des frères et des soeurs, que rien n'altère jamais la paix entre vous ni l'affection que vous vous devez mutuellement. Vous êtes sortis des mêmes entrailles et le même lait vous a nourris. Est-il un lien plus fort et plus sacré que celui-là ?
Point de vue de Hugo — 09 juin 2081
Ça y était. Je savais maintenant qui était ce « elle » qu'avait mentionné Dpékan quelques mois auparavant. Elle s'était avancée, toute timide, dans la pièce plongée dans une semi-obscurité, éclairée seulement par les quelques néons qui parsemaient les murs de ce lieu. Elle ne me vit pas tout de suite, car j'étais recroquevillé dans un coin, asthénique, mais lorsque que ce fut fait, elle s'effondra. Les sanglots avaient atteint sa gorge. Je m'étais préparé à mourir durant ces longs mois, mais certainement pas de sa part. Pourquoi devait-ce être elle ? Elle me trahissait ? Maintenant les questions et la colère m'assaillirent. Il y avait deux choix possibles : soit c'était l'œuvre purement dpékanoise, soit ma sœur avait rejoint les rangs. Je me levais et la rejoignis.
— J'ai besoin de réponses, petite sœur, lui notifiai-je, calme.
— Je ne sais pas si j'aurai la force de pouvoir te les donner, Hugo... ânonna-t-elle.
— Pourquoi ? m'énervai-je. Je t'ai pleuré ! Et maintenant que je sais que tu es en vie, j'ai besoin de savoir comment tu as survécu ! Et surtout pourquoi... P*tain pourquoi, tu n'as pas pensé à moi, pas une seule seconde ! Je ne t'ai jamais demandé beaucoup d'attention, mais m**de, Victoire, je suis ton frère quand même ! Le lien de sang est-il si peu important pour toi ?!
— Tu as tout faux, j'ai pensé à toi tous les jours, mais je ne pouvais pas te retrouver, ça m'était impossible...
— Pourquoi ?
— Parce que...
Elle laissa planer un silence. Ne sachant pas vraiment me répondre, elle préféra changer de sujet.
— Écoute, il faut que je te dise, c'est contre ma volonté, mais...
— Tu vas devoir me tuer, oui, ça, je le sais déjà, la coupai-je. Dpékan m'avait déjà prévenu.
— Et ça ne te fait rien ? Tu vas te laisser faire ? Ne rien dire ?
Elle semblait choquée de mes propos comme si elle attendait que je me rebelle. Effectivement, j'allais le faire.
— Non, c'est pas ça...
— Tu n'es pas fâché ?
— Non, je suis juste déçu d'avoir une sœur aussi lâche...
— Déçu ? Pourquoi t'ai-je déçu ? demanda-t-elle.
Mes paroles la faisaient visiblement souffrir. Je la regardais, debout droit comme un i, la dominant, car elle était courbée, à genoux, la tête basse, tremblotante de sanglots. Ce n'était plus ma sœur. Tout juste une pâle copie informe. Je ne savais pas ce qui l'affectait tant. Était-ce mon comportement ou mes paroles ? Sûrement un peu des deux. Pourtant, malgré la pitié qu'elle me suscitait, je ne voulais pas lui répondre. Elle devait déjà le savoir. Elle réfléchissait. En vérité, je n'étais pas déçu à proprement parlé, mais plutôt en colère contre elle. Vraiment en colère.
— Tu penses que je suis avec lui ? tenta-t-elle.
En fait, je ne pensais pas que ce fut une véritable question, mais plus un constat douloureux qu'elle faisait de la situation.
— Oui, tu es passée dans le camp de cette ordure ! Tu es une meurtrière ! Finalement, j'aurai jamais dû te sortir de cet hôpital avant tout ça ! T'aurais dû crever là-bas ! Tu m'aurais moins fait souffrir, pourriture ! Moi et tous les autres d'ailleurs ! T'es qu'une c*nnasse ! Ils te faisaient tous confiance et tu les as trahis ! TOUS ! Non, mais regarde-toi ! T'as des remords maintenant que tu dois affronter ton frère ? Ou du moins celui qui l'était ? Tu n'es plus ma sœur, Victoire ! Déjà que rien ne nous reliait, tu as tout gâché, mais je t'en prie... Finis ta mission ! Ça doit te démanger, elle est où ton arme, qu'on en finisse ?
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Science FictionEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...