La crainte gouverne le monde et l'espérance le console.
Point de vue Lolita - 22 octobre 2077
— C'est quoi ce b**del ?! s'exclama Xena, en paniquant, mais je vais faire comment pour le projet ? J'ai besoin d'électricité pour la machine ! Et puis, pour les plans ! Pour le bac, je fais comment, moi ?! Ah, mais pour mon bus aussi ! Et comment on va vivre sans électricité, dans tout ça ?!
Je la laissai vider son flot de paroles, je ne pouvais en aucun cas réagir. Comment allait-on faire ? Comment allait-on vivre ? Sans électricité, on ne pouvait désormais plus rien faire. L'électroménager, le multimédia, l'éclairage, tout était géré par cette énergie ! Et comment cela se faisait que toute l'électricité avait été coupée ? Tout le monde était presque devenu dépendant de ce mode de vie. Commencer sa journée en allumant la lumière, en chauffant son café, puis en allant prendre sa douche. Toutes ces petites choses de la vie nécessitaient l'usage de cette énergie. Et qu'est-ce qui ne fonctionnait plus ? Les barrages ? Les éoliennes ? Les usines nucléaires, hydrauliques, thermiques ? Soit c'était une grosse machination, soit c'est que la fin de l'humanité était proche.
Quoi qu'il en soit, le monde allait certainement s'écrouler dans la journée, la tension était déjà palpable. Le discours du proviseur avait laissé son lot d'interrogations et de peurs. Tout le monde songeait à une vie sans électricité. En revanche, est-ce que tout cela était bien réel ? Personne ne remettait en doute ce que venait de dire le proviseur à l'instant. Pourtant, vu tout ce que nous faisait croire le gouvernement ces dernières années, on pouvait bien se poser la question.
N'était-ce pas un nouveau moyen de pression ? Une façon de nous assujettir encore un peu plus ? Mes poings se serrèrent : si c'était le cas, Dieu sait ce qu'il comptait faire, désormais. Je pensais à mon père, cela allait devenir compliqué de continuer à travailler clandestinement dans ce milieu-là, surtout en sachant que de plus en plus de personnes savaient pour ses agissements. Mon regard se perdit dans le vide quelques instants, avant que je ne relève la tête, surprise.
Les lumières s'éteignirent d'un seul coup.
Je me calmai en rationalisant la chose. Non, ce n'était pas un esprit vengeur comme dans les films que l'on voyait autrefois. Le générateur électrique d'urgence était certainement à cours de courant et l'on était à présent plongés dans une semi pénombre, car le self était situé en face du lycée, sous l'internat. On y accédait par un escalier descendant sous la route, il était donc semi-enterré.
Ça avait une allure de film d'horreur.
Après s'être elle-même calmée, mon amie se perdit dans ses pensées. Son regard se fixa sur la pluie qui s'abattait au dehors. Je la regardai un long moment, n'osant pas la déranger. C'était vrai qu'il y avait de quoi se poser des questions. Moi-même, qui n'avais pas peur d'énormément de choses, l'avenir ne me semblait guère rassurant, maintenant.
Je posai ma main sur la sienne, pendant que le volume sonore baissait autour de nous. C'était fou comme le manque de lumière pouvait avoir comme effet sur nos voix. Pour résumer, elle me regarda intensément, puis baissa vers le regard sur nos mains. Après un instant, elle secoua doucement la tête, puis prit sa fourchette et commença à manger.
La faim revenant à la charge, je fis de même, peut-être que ce sera un peu différent, mais nous resterons comme nous sommes, non ? Il faudra juste s'habituer... Les cours commenceront et finiront avec le soleil, on devra se rendre où on veut aller à pied, on ne pourra plus « vivre » la nuit. On revenait un peu à l'époque d'antan, où tout ça n'existait pas. Je fixai d'un œil morne mon téléphone, il n'allait plus servir à grand-chose. Je l'allumai une dernière fois pour revoir des photos de ma mère décédée avant de l'éteindre, définitivement.
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Science-FictionEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...