Chapitre 20 (2/2)

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Le début ne laisse pas présager la fin.


Point de vue Victoire — 05 Mars 2078

— OK, Victoire tu m'entends ? Tu rassembles tout le monde et Hugo tu t'occupes de briefer Infy pour qu'il harangue tout le monde, vu qu'il est doué pour les discours. Il faut suivre la procédure habituelle d'urgence pour évacuer efficacement et rapidement !

— À moins que tu ne veuilles inverser les rôles ? me proposa mon frère.

— Sans façon, répondis-je.

Je courus jusqu'à la salle commune. Je hurlai à tout le monde de se réunir dans la grande salle pour repartir calmement vers le garage, puis, je me mis à traverser tous les couloirs à la recherche des derniers résistants qui n'auraient pas entendu mon message. L'heure était grave. Nous n'avions pas de nouvelles de la bataille que Ka lio et sa troupe étaient allés mener, au final. Il avait étudié mon plan de bataille, certes, fait à l'arrache, mais qui avait l'air de lui convenir, à lui et nos chefs résistants. Il avait alors préparé ses troupes. Ils étaient partis la veille, mais, nous savions que là, c'était notre moment. Notre moment de se lancer dans ce combat au lieu de fuir et rester passifs.

J'attendis mon frère ainsi qu'Eydan. Hugo poussait presque ce dernier qui ne voulait manifestement pas avancer. Ils se disputèrent et ce fut finalement le plus jeune qui monta sur l'estrade. Ma colère prit de l'ampleur : c'était un lâche. Il avait forcé mon frère à prendre son rôle. Je le vis se défiler vers les sanitaires, déjà au courant du message, je le suivis pour avoir des explications, mais aussi parce que j'avais besoin de lui parler.

Il se passait de l'eau sur le visage quand j'arrivai. Il ne me remarqua pas tout de suite, mais leva les yeux au ciel lorsqu'il me vit. Je me contentai de le fixer, croisant les bras contre la poitrine, appuyée contre le chambranle de la porte. J'avais envie d'hurler ma colère, ma frustration et ma tristesse contre lui. Je voulais tant lui dire ce que je ressentais, mais mon égo faisait taire chacun de mes mots. Je restais muette, ne sachant comment commencer. Il soupira.

— Tu vas me regarder longtemps comme ça ?

— Non, fis-je simplement, grommelant dans ma barbe.

— Je... Écoute, pour ce que j'ai dit l'autre jour...

Il ne poursuivit pas sa phrase. Je tentais à mon tour.

— Je ne voulais pas...

Même résultat. Comment se pouvait-il qu'on ne puisse rien se dire ? Ça en devenait rageant ! De honte, – et ayant entendu que mon frère avait fini son petit discours –, j'esquissai un mouvement vers la porte.

— Attends ! me retint-il par la main.

Je pensais qu'il allait enfin s'excuser, mais il n'en fit rien. Il se contenta de me fixer avec un regard indescriptible. C'était un mélange de tendresse, de tristesse et de fatigue. Éprouvait-il des remords au sujet de notre dispute ? Autant que moi ? Je n'osais pas parler non plus, de peur de casser cet instant. Ses doigts autour de mon poignet m'électrisèrent et je sentis mes poils se redresser. J'espérais que ce n'était pas ça dont parlaient les gens au sujet du coup de foudre. Sinon j'étais bien déçue. Oui, bon, je savais que j'avais dit qu'on ne pourrait probablement pas être amis... mais peut-être que tout simplement, une autre relation nous était destinée. Je rougis un peu.

— N-non ! J-je dois aider ! Il faut évacuer ! lui bafouillai-je, en me dégageant à contrecœur.

Sa main avait été douce, il ne m'avait pas agrippée violemment, il n'avait pas forcé, il avait juste capturé mes doigts dans les siens. J'avais senti leur petitesse. Je n'avais pourtant pas pu retenir un dernier regard dans sa direction. Il y avait également des non-dits entre nous. Nos fiertés étaient peut-être en jeu, ou alors nous ne savions pas encore comment faire face à une dispute. Mon cœur avait cogné contre ma poitrine comme un signe de désaccord quand je lui avais tourné le dos.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant