La Rosa Parks de la communauté gay

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Stormé DeLarverie.

Contrairement à ce que ce nom peut indiquer, cette particule qui est, en France, signe de noblesse, je ne suis pas privilégiée. Pas dans la société en tout cas. Moi, je me sens bien, heureuse avec ce que je suis, qui je suis. Je suis fière.

Fière d'être métisse d'une mère américaine et d'un père blanc, fière d'être lesbienne, fière d'être une butch.

Et flippée lorsque les policiers entre dans le bar du Stonewall Inn en ce 28 Juin 1969, malgré l'assurance que je laisse paraître.

Être gouine, c'est déjà pas franchement autorisé, et être habillée "comme un homme" en tant que femme, ça l'est encore moins.

Un flic s'approche de moi, me demande mes papiers. Pas de souci mon coco, tant que tu ne me demandes que ça. Mais non.

Forcément, il va me faire chier jusqu'au bout ce con.

Homme cisgenre hétéro blanc policier LGBTphobe sait qu'il a l'ascendant sur femme cisgenre lesbienne butsh et noire.

Il le sait très bien, et il n'hésite pas une seconde à me le faire savoir en me menottant violemment et en me poussant hors du bar. Je crois qu'il n'a pas apprécié mes remarques bien senties.

Mais s'il croit que je vais me laisser faire, il se fourre le doigt dans l'œil gauche jusqu'au coude droit. C'est mal connaître Stormé DeLarverie.

Je crie, je me débats. Il va me lâcher, ce connard homophobe ? Sale poulet ! Fils de flics ! Sale putain de-

Un violent coup sur mon crâne me fait perdre le fil de mes propos délicats et bien sentis. Fils de chien, il m'a assommée avec sa matraque. Ou du moins il a essayé. Cela ne fait que décupler ma colère et je me débat de plus en plus.

Et puis pourquoi les potes ne font rien, nom de merde ?! Je leur crie de faire quelque chose avant de me faire jeter dans un fourgon.

Mes camardes semblent se réveiller. Enfin.

Parce que c'est trop. Un trop plein.

Marre de s'en prendre plein la gueule.

Marre des contrôles.

Marre des arrestations.

Marre des discriminations.

Marre de subir sans broncher.

Marre de devoir se cacher.

Marre des humiliations.

Marre des violences.

Marre.

Marre.

Marre.

Mes camardes semblent enfin comprendre ce qu'iels doivent faire, ce que nous devons faire pour que cela cesse. Comme si j'avais enfin tiré la bonne flèche et que j'avais atteint ma cible.

Et évidemment que je l'ai atteinte.

En plein cœur.

Parce que c'est là que réside notre identité. C'est grâce à ça que nous savons, que nous sommes.

Que nous sommes qui l'ont veut, qu'i l'on est, comme on le veut, comme on est.

Iels veulent nous effacer, nous arrêter, nous oublier.

Mais si iels savaient.

Si iels savaient comme il est difficile d'effacer un arc-en-ciel, de le contrôler, de lui dire quand disparaître, quand pointer son nez.

Si iels savaient comme il est dur d'anéantir notre rage, notre identité, nos identités.

Si iels savaient qu'on ne veut pas mourir.

Si iels savaient qu'on ne peut pas mourir.

Nous nous battrons, sans relâche. Moi en tout cas, je me battrais.

Je me battrais pour moi, et pour tous·tes mes adelphes.

Je resterais debout face à leurs vaines tentatives de m'écraser, de nous écraser.

Je protesterais, je proteste déjà.

C'est ça, avoir la rage.

C'est rester debout, se battre.

C'est ça, la rage.

La rage de vivre.

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512 mots

Écrit le Vendredi 28 Janvier 2022

Devoir d'écriture d'HLP pour la séquence "Histoire et violence". Par groupe, nous devions choisir un évènement violent qui avait eu une certaine importance, ou en tout cas assez connu, pour en écrire un passage sous forme de scène de théâtre, et un autre sous la forme du roman.

Nous avons choisi les célèbres émeutes de Stonewall, que l'histoire aime attribuer à Stormé DeLarverie, et c'était donc le passage sous forme romanesque que vous avez pû lire (j'avoue, je l'ai intégralement écrit moi-même, avec tout de même l'appréciation de mes coéquipières, j'étais ultra inspiré·e ptdrr) !

--> Pour votre plus grand plaisir (je crois), j'ai posté un nouveau Drarry !

Oui, je sais, je suis trop sympa, c'est génial, je suis lae meilleur·e... OK, j'me détends, ça va !

C'est un petit one shot tout choupinou (spécial Saint Valentin, spécial amour trop chou et niais, j'étais inspiré·e), j'espère qu'il vous plaira !

--> Dans 2h, c'est pour moi les vacances. Enfin. Bon, ça signifie aussi que dans 3h, je vais chez ma mère pour une semaine, mais c'est une autre histoire.

Bref, je vous souhaite une bonne vie et de bonnes vacances pour celleux concerné·e·s, et on se retrouve Dimanche prochain, si tout se passe bien !

Bisous les enfants !

Sacha


Publié le Vendredi 11 Février 2022


Rantbook d'un·e anarchaqueer, fierx et révolutionnaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant