Νεκρόπολη

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Il claqua la porte de sa voiture et prit l'énorme bouquet de fleurs qu'il venait d'acheter. C'était un beau bouquet plein de couleurs. Ce n'était pas suffisant pour un anniversaire, cependant. Mais bien sûr, il s'y était encore pris à la dernière minute. Il venait la voir trois fois par an et il n'était même pas capable de lui offrir un cadeau digne de ce nom. Mais elle ne lui en voudrait pas, non, elle savait qu'il n'avait jamais le temps. Sa femme désapprouvait. "Jamais le temps ! Pour ta propre sœur ! Fais un effort, va la voir ! Je ne peux pas t'accompagner cette fois, j'ai des copies à corriger, mais passe-lui mon bonjour". C'était souvent comme ça. Aujourd'hui, il s'était presque fait chasser de la maison à coups de talons aiguilles. "C'est l'anniversaire de ta sœur et tu n'as rien prévu ?! Vas-y tout de suite" ! Il avait tenté de protester : il ne pouvait pas y aller comme ça, à l'improviste. Il n'avait rien préparé. À ces mots, la mère de ses enfants lui avait jeté ses clefs de voiture et son portefeuille à la figure, lui indiquant de se débrouiller seul comme l'homme de 30 ans qu'il était.

Sa sœur ne lui en voudrait pas, elle le connaissait. C'était déjà arrivé quelques fois qu'il rende visible sans l'avoir vraiment prévu. Il s'en voulait. Il s'en voulait d'autant plus de ne pas lui rendre plus souvent visite sachant qu'elle n'habitait même pas à 3 kilomètres de chez lui.

La petite ville où elle avait élu domicile arborait uniquement de belles maisons de plein pied, toutes avec de beaux jardins fleuris. Il ne connaissait pas encore tous⋅tes les habitant⋅e⋅s, il y en avait même qu'il n'avait jamais vu. En ce jour de grand soleil, la plupart des fenêtres étaient ouvertes et les résidents le saluèrent d'un sourire. Étant donné que sa femme l'avait obligé à s'octroyer du  temps à lui-même, ainsi qu'à sa sœur, il n'était pas pressé. Il avait du temps, alors il dis bonjour à tous⋅tes celleux qu'il croisa. Il arriva enfin devant chez sa sœur. Il n'eut pas besoin de sonner, elle était dans son jardin, et il la vit arriver. Comme à l'habitude, il fut accueillit par le sourire rayonnant et les yeux pétillants de sa sœur. D'un naturel peu bavarde, elle l'incita à faire la conversation, à lui raconter sa vie. Dire qu'iels discutèrent tout l'après-midi serait un mensonge, mais dire qu'il parla et qu'elle l'écouta serait plus juste.

À présent, la lumière déclinait tandis que le soleil se couchait peu à peu derrière les montagnes, il était alors temps pour lui de repartir. Lorsqu'il s'éloigna dans la rue pour rejoindre sa voiture, il vit sa cadette se rasseoir sur le banc et regarder le bouquet qu'il avait posé sur la petite table de marbre. À son passage, les mêmes personnes le saluèrent, toujours à leurs fenêtres au dans leur jardin. Certain⋅e⋅s avaient reçu des invité⋅e⋅s, qu'il salua d'un signe de tête.

Il eut un sourire à la fois attendri et triste en pensant à sa sœur, à son visage d'adolescente de 15 ans, comme si elle avait arrêté de grandir, alors qu'elle avait seulement 5 ans de moins que lui.

Une unique larme roula sur sa joue alors qu'il tournait au carrefour, laissant derrière lui le panneau indiquant, avec originalité, la nécropole. Une ville dans une ville, une ville immense, une ville clôturée, une ville de marbre, une ville sans âme qui vive. Une ville des morts.

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588 mots

Bonjour à tous⋅tes ! Bon, une petite nouvelle triste d'environ 700 mots, c'est un défi d'écriture lancé par mon père après lui avoir dit que, lorsque je prenais le train pour aller chez lui ou ma mère, je passais devant un cimetière magnifique, aux allées goudronnées, qui me faisait penser à une petite ville. Il m'a dit : "Tu n'as qu'à écrire sur ça. Sur un cimetière. Mieux, tu écris sur ça, mais on ne sait pas que c'est ça, juste à la fin". Défi relevé, papa, j'espère que ça t'a plu autant que j'ai aimé l'écrire ! J'espère que ça vous aura plu à vous aussi, mes fidèles lecteur·ice·s, et n'hésitez pas à me faire des retours !

Bisous sur vous !

Sacha

P.S. : Un petit défi pour moi ?


Écris le Vendredi 2 Avril 2021

Lu, corrigé et approuvé par ma mère

Publié le Mercredi 12 Mai 2021

Rantbook d'un·e anarchaqueer, fierx et révolutionnaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant