À événement exceptionnel, publication exceptionnelle (si vous aviez pas remarqué, je poste tous les Mardi et Vendredi, en fait)
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Je me noie.
C'est une eau noire d'encre, ou peut-être que ce n'est pas de l'eau, mais j'ai l'impression de m'y enfoncer, lentement mais sûrement.
Je suffoque.
Que se passe-t-il ? J'ai l'impression de ne pas être au bon endroit, je veux m'enfuir de mon corps.
Pourtant, je l'aime, mon corps. Pas de complexes, pas trop, tout va bien. Mais pourquoi mon identité est-elle définie par mon physique ?
Si ma vie se résume à ça, alors que je veux partir, je ne veux pas de ce corps.
Je me griffe les bras, m'arrache les cheveux.
Je ne veux pas, je ne veux plus.
Que se passe-t-il ? Ce n'est pas moi. Moi, je suis comme eux. Mais pas tout à fait, pas tout le temps. Je suis un peu au milieu, le plus souvent. Suis-je obligée d'être d'un côté ou de l'autre ? Je ne peux pas être dans l'unique case qui me correspond ? Ou dans aucune case ? Au milieu, sur les deux extrémités à la fois, ou même nulle part ?
S'il vous plaît...
Je ne comprends pas, quel est mon problème ? Est-ce de ma faute ? Suis-je anormal·e ?
Non, je suis moi, je me suis toujours dit de m'assumer moi, en toutes circonstances.
Je suis perdu·e, je me noie dans les ténèbres de mon âme, je sombre irrémédiablement.
Je ne vois plus la lumière, cela fait longtemps que je ne la vois plus, où est le ciel, où est la surface ?
Que quelqu'un·e vienne m'aider, j'ai besoin d'une main tendue, je ne m'en sortirais pas seul·e, pas sur ce coup-là.
Mais il n'y a personne et la boule grossit dans mon ventre jusqu'à remonter dans ma gorge.
Mais lèvres se descellent et je crie.
Je hurle, là, sous la pluie ou sous le soleil qui irradie d'une lumière noire devant mes yeux. Je crie jusqu'à ce que mon souffle s'épuise, jusqu'à ce que mes cordes vocales se déchirent, jusqu'à ce que je m'endorme.
Et tout cela recommence, tous les jours, sans aide, sans réussir à parler.
Les larmes roulent sur mes joues, glissent sur mes lèvres et entrent dans ma bouche.
J'étouffe.
Je suis seul·e dans cet océan de ténèbres.
Seul·e.
Jusqu'à ce que le noir se déchire en couleurs, parce que le noir, c'est un mélange de couleurs qui a mal tourné.
C'est beau, c'est si beau ! Qu'est-ce ? Qui est là ? Qui ose s'aventurer dans mes ténèbres ?
Une main. Une main, quelqu'un·e me tend sa main. C'est une main arc-en-ciel, j'aime les arc-en-ciel, c'est beau, c'est plein de couleurs. Celui-ci en a six.
Qui es-tu ? N'as-tu pas peur de la noirceur de mon âme ? Ne te fais pas happer par les ténèbres, cher arc-en-ciel, tu ne le mérites pas.
Mais je ne peux pas m'en empêcher, ta main est tentante, elle est pleine de couleurs et elle reste-là. Qui sait, peut-être que tes couleurs couleront sur ma main, et alors il y aura un arc-en-ciel sur ma peau au milieu des ténèbres noires ?
Alors j'attrape ta main, parce que cela fait longtemps que je n'ai pas vu autre chose que du noir, et c'est hypnotisant, toutes ces couleurs vives.
J'attrape ta main, et elle ne glisse pas dans la mienne, non, la tienne, elle m'agrippe fermement. As-tu seulement senti le poids que je me traîne ? Te rends-tu compte que là, en tirant mon bras, tu me sauves ?
Tu me hisses vers le haut, je ne vois pas ton visage, tu n'es qu'une main arc-en-ciel pour l'instant, et tes couleurs rampent à présent sur ma peau, ces 6 couleurs que tu portes à merveille et dont tu m'as drapé·e.
Et plus tu me tires, plus le monde devient jaune. C'est le soleil, tu me hisses jusqu'à la lumière du soleil, vers sa chaleur réconfortante, vers son jaune chaleureux.
Et tout cela m'éblouit énormément, et pendant quelques instants, je vous tout blanc, le temps de reposer mes pieds sur Terre et de m'habituer à la luminosité.
Et puis, je pense que le violet qui recouvrait un de tes doigts, parmi les six couleurs dont tu m'as peint·e, a recouvert mes yeux car je vois maintenant le monde de cette couleur, cette couleur que j'affectionne tant, mélange de bleu et de rose.
Soudain, ta main glisse dans la mienne et je sens tes doigts quitter ma main. Non, ne pars pas ! Je t'en supplie... J'ai peur, je ne veux pas retourner dans les ténèbres, reste avec moi ! Et c'est le noir, à nouveau, sauf que je le sens, ce noir est différent, il est apaisant, il est accueillant, comme celui qui nous enveloppe quand on ferme les paupières pour dormir. C'est ce noir que tu vas m'apprendre à aimer et à revendiquer, c'est le noir militant, le noir de la colère, le noir qui fait peur à tout le monde, le noir que l'on prend pour le Chaos, mais qui n'est pour nous qu'Harmonie.
Ma vue s'éclaire alors, et je vois tout, avec des couleurs.
Jaune, blanc, violet et noir ont glissé sur mon lacet droit, et l'arc-en-ciel sur le lacet gauche.
Tu as lâché ma main, mais je suis toujours là, avec toi, sorti·e des ténèbres.
Tu as lâché ma main et pourtant, je sais que je peux l'attraper à tout moment, quoi qu'il se passe, où que tu sois, comme je le fais encore régulièrement quand je suffoque, quand j'ai peur, quand j'ai besoin de quelqu'un·e pour me rassurer.
Aujourd'hui, un peu plus d'un an après tout ceci, tu es toujours là, à côté de moi, et même si j'ai parfois besoin que tu me tiennes encore la main, c'est à présent moi la main dans les ténèbres pour certain·e·s.
Je ne sais pas si tu te rends compte de tout ce que tu m'as apporté, Alyx. Peut-être que tu le sais, peut-être que ça se voit dans mes yeux, peut-être que je l'ai déjà dit à demi-mot. Mais je ne te l'ai jamais clairement et vraiment dit, et encore là, je ne te le dis pas mais je te l'écris. Mais c'est ton anniversaire aujourd'hui, et je suis à 200 kilomètres de chez toi, alors c'est le moment, ici et maintenant.
Merci.
De tout mon cœur.
Je te serais éternellement reconnaissant·e.
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Pour Alyx, joyeux anniversaire, et merci.
Écrit le Jeudi 12 Août 2021
Publié le Lundi 6 Décembre 2021
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Rantbook d'un·e anarchaqueer, fierx et révolutionnaire
RastgeleHello ! Quelle ironie quand on se dit que je n'entre pas dans les normes de la société mais que je suis à la mode : écrire un Rantbook ! Bref, si vous êtes ici, c'est que vous n'avez vraiment rien à faire sur Watty, mais rassurez-vous, vous n'allez...