Après le spectacle le plus ennuyant qu'elle n'ait jamais vu, Amélia vit enfin les rideaux descendre sur la scène et les acteurs s'incliner. Suivant l'exemple de toute l'assemblé, la jeune fille se mit tout de même – mais avec une certaine mauvaise foi – à applaudir les comédiens avant qu'ils ne disparaissent enfin en coulisse.
Les lumières se rallumèrent et tout le monde se leva, prenant la direction de la sortie. Amélia fut l'une des premières à quitter son balcon, trop pressée de sortir de cet enfer de jupe et de jupon colorés. Elle prit tout de même le temps d'attendre son frère qui arriva aux côtés d'Anita en rigolant et l'accompagna dans les nombreux escaliers du théâtre.
Une fois dans le hall, tout le monde se dit au revoir. Anita rejoignit sa famille, Roman et Azura firent une nouvelle fois le tour de l'assemblé alors que Luvenia, Arya et Eras se dépêchèrent de rejoindre les fiacres au dehors, impatients de retrouver la petite Galena.
Dans la foule, Amélia se retrouva bien vite séparée de son frère. Les gens se bousculaient pour sortir et partout autour d'elle des voix s'interpellaient et parlaient dans une cacophonie assourdissante. La jeune fille tenta tant bien que mal de retrouver Azriel au milieu de cet océan d'inconnus, mais ne réussit qu'à se prendre les pieds dans sa robe et manqua de tomber.
Quand le vestibule se vida enfin d'une bonne partie des courtisans, l'adolescente remarqua Aven non loin qui lui jetait un regard étrange avant de suivre sa famille au dehors.
Elle l'observa s'en aller, un peu perdue et se remit à la recherche de ses parents et de son frère. Elle les trouva finalement en pleine discussion avec ce qui semblait être M. et Mme Wilkins, les vampires tenant la célèbre boutique de vêtement L&L de la Grand-rue.
Mais alors qu'elle fit un pas en avant pour les rejoindre, elle frôla de nouveau la chute. Quelqu'un venait de marcher sur le bas de sa jupe et ne semblait pas décidé à la laisser s'en aller. L'adolescente sentit une violente colère monter en elle. Qui avait osé malmener ainsi l'habit qu'Emily avait pris tant de soin à lui confectionner ?
Amélia se retourna, les sourcils froncés, et gonfla ses poumons d'air, imaginant déjà quelles paroles venimeuses elle allait bien pouvoir cracher au visage de cet importun. Mais, quand elle aperçut enfin la personne qui la retenait, tout l'air contenu dans ses poumons disparut alors qu'elle se sentait blêmir.
Devant elle se dressait Fiona Lerouge. Elle n'était pas très grande, à peine quelques centimètres de plus que la jeune fille. Pourtant Amélia avait l'impression que la sorcière la dominait de toute sa hauteur. L'avertissement d'Anita lui revint brusquement en mémoire et la peur l'envahit.
Amélia sentait ses jambes flageoler et ses mains trembler. Son cœur battait la chamade alors que son instinct lui hurlait de fuir au plus vite. Il y avait quelque chose de véritablement malfaisant dans ce regard que la matriarche avait posé sur elle. Comme si cette vieille femme à l'allure presque chétive pouvait vous maudire d'une simple œillade.
Cependant, et malgré la terreur infinie que la jeune fille ressentit à cet instant, il lui fut impossible d'esquisser le moindre geste. Elle demeurait comme figée, ses yeux noisette aspirés par les ténèbres de ceux de la vieille femme.
Une souris face à un serpent.
Son essence réagit presque aussitôt, alors que la panique était sur le point de la submerger. Elle la sentait bouillonner, tourner en rond comme un lion en cage, prête à bondir.
Alors que Fiona amorçait un mouvement, se penchant très légèrement en avant, comme pour étudier de plus près la jeune fille, une ombre se dressa entre elles. L'instant sembla durer une éternité alors qu'elle écartait l'adolescente d'une main ferme. Amélia se souvint brusquement comment respirer, reprenant doucement contenance. La silhouette devant elle la fit reculer de plusieurs pas, sa robe enfin délivrée de l'escarpin de la matriarche.
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Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de Fée
Fantasy. Héritière de l'une des plus grandes familles d'Osha, Amélia se doit d'être irréprochable. Bridée par les règles imposées par sa mère et des codes de la haute société à laquelle elle appartient, la jeune sorcière se sent otage de sa propre exi...