Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de Fée

Chapitre 45 : La chasse (2/2)

     Amélia eut à peine le temps d'ouvrir de grands yeux horrifiés qu'il fondit sur elle. Malgré sa vitesse décuplée, elle ne parvint à l'esquiver qu'à la toute dernière minute. Non contente de l'avoir métamorphosée, la rune lui octroyait à présent une force et une vitesse surhumaine qui rivalisait avec celle nouvellement acquise d'Amélia. Un soupçon de panique s'insinua en elle alors qu'il terminait sa course dans le salon d'une habitation voisine.

     Il avait traversé le mur de pierre comme on traverse une porte ouverte. Le souffle court, Amélia osa à peine faire un pas en avant. Du bruit se fit entendre au milieu des décombres. Un instant plus tard, Regan se redressait. Amélia blêmit.

     Il n'avait même pas la moindre petite égratignure.

     Sur son perchoir, Jagger sentit la sueur lui couler dans le dos. Comment allons-nous faire pour arrêter un monstre pareil ? Regan ne cilla même pas lorsque l'une des tuiles glissa pour se briser sur son crâne.

     – Cette rune est drôlement plus efficace que je ne pensais, s'amusa-t-il en ébouriffant ses cheveux couverts de poussière. Où en étions-nous déjà ? Ah, oui... et si nous jouions à chat princesse ?

     Le sourire qu'il lui offrit paraissait encore plus horrible que celui des Enfants des Profondeurs. Amélia en eut des sueurs froides et repartit aussitôt en courant. Ravi, Regan se lança à sa poursuite.

     Amélia devait l'éloigner à tout prix des zones habitées. Si les résidents n'avaient pas déserté leur maison en découvrant le combat qui avait débuté sous leurs fenêtres, sans doute y aurait-il eut des blessés, voir pire. Regan représentait une bien trop grande menace pour le laisser évoluer au milieu des civiles. Mais où aller ? Le Quartier des Sylphes était bien désert de piétons, mais pas leurs habitations. Le Parc de Lune ? Encore faudrait-il qu'elle l'atteigne avant qu'il ne referme ses griffes sur elle. Fait chier ! jura-t-elle intérieurement en accélérant le pas.

     Le combat se poursuivit. Amélia tentait de repousser Regan alors que ce dernier s'amusait à la pourchasser comme un chat avec un souris. Éviter les embuscades qu'il lui tendait s'avérait de plus en plus compliqué à mesure qu'elle fatiguait. L'adrénaline commençait doucement à refluer, ajoutant à son supplice, la douleur effroyable qui pulsait dans son bras. Déboussolée, Amélia ne se dirigeait plus que par instinct. La peur avait pris le pas que le courage et avant qu'elle ne le réalise, ils se retrouvèrent au cœur du Quartier des Fées.

     Jagger suivait leur progression depuis le ciel, essayant de garder un œil sur Amélia. Il savait qu'il ne pouvait rien faire pour l'aider et ne cessait de prier la Déesse de lui venir en aide. Loin au-dessus de sa tête, l'orage avait éclaté pour de bon, déversant des trombes d'eau sur toute la ville, menaçant de ses éclairs. Le tonnerre grondait si fort que Jagger le sentait faire vibrer à même ses côtes.

     Alors qu'Amélia traversait une nouvelle rue déserte du quartier, Regan se lassa de leur jeu et lui lança plutôt un maléfice. La sorcière voulut l'esquiver mais glissa dans la boue. Elle ne parvint pas à se stabiliser à temps et reçut le mauvais sort de plein fouet. Violement projetée en arrière, Amélia traversa sans cérémonie le mur d'une vieille bâtisse dont le bois usé lui écorcha méchamment le dos avant de se briser. Étourdie, l'adolescente se mit à moment à se relever. Son corps pesait soudain très lourd et une douleur lancinante pulsait dans tous ses membres. Lorsqu'elle parvint enfin à s'extraire des décombres, ce fut pour découvrir un vrai champ de bataille.

     Des fées fuyaient dans toutes les directions pour éviter Regan qui s'était transformé en véritable chien fou. Le nez en l'air, il semblait humer le parfum de toutes ses potentielles victimes avec un appétit redoublé.