Chapitre 24 : Dylan O'Brian (3/3)

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     Dans le placard, Jagger se liquéfia. Son regard passait nerveusement de l'inspecteur à la jeune fille devant lui. Amélia serra les dents. Pas le choix, se dit-elle en se tournant vers son compagnon.

     – Surtout, dit-elle le plus bas possible, ne bouge pas d'ici.

     Et sans lui laisser le temps de répondre, elle émergea du placard, laissant Jagger caché dans l'ombre. En la voyant lever les mains, l'inspecteur parut confus et baissa son arme. Sans la ranger totalement, nota-t-elle tout de même.

     – Princesse ? Que faites-vous ici ?

     – Je cherche, répondit-elle simplement.

     Elle indiqua les monceaux de papiers sur le bureau de l'elfe.

     – Un peu comme vous.

     Les traits de l'inspecteur se durcirent aussitôt et il entreprit de ranger son bureau, dissimulant à la vue de la sorcière les photos des scènes de crimes qu'il étudiait plus tôt.

     – Vous ne devriez pas être ici.

     – Qui fait pression sur vous ? éluda Amélia.

     – Cela ne vous regarde pas.

     – Je suis fille de roi, la vie des habitants de mon pays me regarde, surtout si elle est en danger.

     – Rentrez chez vous et laissez-moi faire mon travail, grommela-t-il avec humeur – il semblait presque la supplier.

     – Hors de question.

     C'était la première fois qu'Amélia rencontrait un elfe aussi bougon. En temps normal, ces êtres étaient d'une patience quasi sainte. Le surmenage ne lui réussissait définitivement pas.

     Il soupira, abattu.

     – Écoutez...

     – Non, vous écoutez-moi, lança-t-elle avec autorité.

     Il parut surpris et la regarda bien en face, curieux, apparemment, de voir ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire.

     – L'inaction de la police met bien plus que les fées en danger. Que savent les gens qui vous musèlent du tueur ou de ses prochaines cibles ? Qui nous dit qu'il ne finira pas par se lasser un jour d'attaquer des fées ? Vous savez que ce genre de tueur cherche la reconnaissance, quand se lassera-t-il de ces rumeurs chuchotées à son encontre ? Nous ne savons même pas de quel peuple il vient ou ses motivations.

     O'Brien avait repris cette expression concentrée qu'il arborait au travail, cette même expression qu'Amélia lui avait trouvé à leur rencontre. Il l'avait écouté attentivement, presque impressionné par sa réflexion. Bien sûr, il avait déjà pensé à tout ça, mais voir une jeune fille aussi privilégiée en arriver aux mêmes conclusions... L'elfe songea que peut-être Osha avait encore un espoir de s'en sortir.

     – Tout porte à croire qu'il s'agirait d'un humain, lança l'inspecteur avec sérieux.

     – Très bien, concéda-t-elle avec désinvolture – elle sentait la colère lui monter. Mais dans ce cas, quel est le mobile ? Pourquoi tuer des fées ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi maintenant ? Les humains ont rapporté de nombreuses inventions de leur île natale, ne pensez-vous pas qu'avec leurs pratiques ils n'auraient pas trouvé de manière plus ingénieuse de tuer leurs cibles ? Comme avec ces drôles de mécaniques qu'ils appellent armes à feu et que vous portez vous-même à la ceinture ? On les dit puissantes et précises, beaucoup d'humains savent les manier. Alors pourquoi un couteau ?

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant