Chapitre 9 : Thé, sorcières et petits gâteaux (2/2)

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     – Qui veux encore des biscuits ? lança joyeusement Anita par-dessus les conversations en prenant le plateau vide de sur la table.

     – Oh, moi, s'il te plait Anita ! s'exclama Rosita, sautant presque sur sa chaise. Ce bon vieux M. George est un vrai cordon bleu, peut-être devrais-je le débaucher ?

     – Rosita ! gronda Luvenia non sans un sourire.

     Les deux femmes se regardèrent un instant avant d'éclater d'un grand rire. Anita se leva, le plateau dans les mains et s'en alla vers la cuisine.

     Azura n'avait même pas réagit, se contentant de se masser les tempes distraitement. Amélia sentit une pointe d'inquiétude monter en elle. Sa mère était-elle souffrante ?

     – Voyons, un peu de tenue mes dames, les rabroua Théodora.

     Amélia se sentit de plus en plus mal à l'aise. Son estomac se retourna quand elle croisa enfin le regard de sa mère. Celle-ci avait soudain relevé la tête et plongeait des yeux sombre sur sa fille. L'adolescente cessa aussitôt de respirer.

     Ce regard était si étrange venant d'Azura, perturbant même, presque inquiétant. L'azur de ses yeux semblait orageux. Pendant un instant, Amélia eut l'impression que sa mère voulait lui dire quelque chose, quelque chose de visiblement important. Elle ouvrit la bouche, la referma, se ravisa finalement et laissa échapper un profond soupir avant de se retourner vers son thé. C'était à peine si elle essayait de prendre part au débat à présent houleux qui semblait faire se dresser sur sa tête les cheveux si bien coiffés de la vieille Théodora.

     Amélia fut sorti de ses réflexions en apercevant la silhouette de M. George se profiler à l'horizon. Le vieux majordome avançait d'un pas rapide et allongé, manifestement pressé.

     Une fois parvenu à leur hauteur, le vieil homme s'inclina. Rosita ne put s'empêcher de lui envoyer un baiser suivit d'un clin d'œil malicieux. Amélia entendit sa tante la gronder et jurerait avoir vu les joues du majordome rosir.

     Il se reprit assez vite cependant, et ignora les rires de ces dames avant de se racler la gorge pour reprendre contenance. Une fois qu'il eut capté l'attention de toutes les sorcières, il annonça :

     – Si mesdames veulent bien m'excuser, on m'a prié de venir chercher Mlle Amélia.

     À ses mots, Azura se redressa, soudain tendue. Elle se tourna vivement vers le vieil homme et sembla presque le fusiller du regard.

     – Pourquoi donc ?

     Amélia fut quelque peu troublée par le ton sec que sa mère venait d'employer. Il était étrange, même venant d'elle, de s'adresser de la sorte à M. George. Car, et tout le monde savait, il était l'un des rares employés de maison qu'elle appréciait réellement.

     À sa grande surprise, le majordome ne sembla pas s'en formaliser. Il se contenta de sourire aimablement avant de se tourner vers Amélia.

     – Votre frère, Azriel, vous attend dans la bibliothèque, expliqua-t-il d'une voix posée. Il souhaite s'entretenir avec vous. Il m'a dit, précisa-t-il en se tournant aussi respectueusement que possible vers la maîtresse de maison, que c'était urgent.

     Il y eut un silence. Tous les regards se braquèrent sur Azura qui semblait se ratatiner sur son siège. Comme elle continuait à fixer sa tasse sans mot dire, Amélia se tourna vers le majordome.

     – Très bien, je vous suis.

     M. George s'inclina de nouveau avant de se détourner. Amélia se leva et salua l'assemblée de sorcière d'une révérence parfaitement maitrisée – qui sembla apaiser un peu le courroux de Théodora – puis rejoignit le majordome qui lui tenait la porte. Avant de s'en aller, elle ne put s'empêcher de jeter un dernier regard en arrière. La discussion avait repris autour de la table mais Azura ne semblait toujours pas s'y intéresser. Elle se contentait de ruminer ses pensées en touillant son thé.

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant