Chapitre 15 : Les perles (2/2)

32 5 2
                                    

     Quelques heures plus tard, le ventre plein, Amélia trottina vers la sortie. Le repas avait été des plus plaisant et la jeune fille souriait encore en enfilant sa cape. Il était agréable de manger tous ensemble, rien à voir avec l'affreux dîner avec Aven et ses amis organisé par Azura quelques jours plus tôt.

     – Puis-je savoir où tu vas, comme ça ?

     Amélia sursauta et se retourna. Devant elle, la tante Nausicaa la regardait, un sourcil relevé. L'adolescente retint son souffle.

     – Au Parc de Lune pour une petite promenade, répondit-elle finalement.

     Un peu mal à l'aise, Amélia passa d'un pied sur l'autre, s'attendant déjà à entendre les habituels sermons de sa mère quant au fait qu'elle ne devrait pas se balader dehors sans chaperon. Aussi fut-elle des plus surprise en entendant sa tante lui répondre avec le plus grand calme :

     – Parfait, dans ce cas, tu voudrais bien me rendre un service ?

     Amélia la regarda, les yeux ronds. Sans attendre sa réponse, Nausicaa passa devant elle et fouilla dans les poches de son propre manteau. Elle en sorti une bourse en velours couleur de nuit qu'elle tendit à sa nièce. Amélia la regarda un instant avant de dévisager sa tante, perdue.

     – Tu veux bien porter ça à Mystia Aura pour moi ?

     – La sorcière des Joyaux d'Aura ? s'étonna Amélia.

     – Elle-même, s'amusa sa tante. Elle m'a demandé de voir avec les sirènes du clan Boréal si elle pouvait se procurer de nouvelles perles il y a quelques mois déjà. Mais avec le départ de Roman pour Lightfell et les préparatifs pour l'arrivée du Cirque Écarlate, j'ai pris du retard sur sa demande. Tu sais comment sont les sirènes, haussa-t-elle des épaules, elles se méfient beaucoup des habitants de la surface.

     Oui, Amélia en avait entendu parler. Il était de notoriété que les sirènes abhorraient les êtres de la surface depuis des centaines d'années. La rumeur voulait qu'un habitant d'Osha leur ait dérobé une parure de perle magique offerte par la Déesse à la toute première sirène.

     Ces enfants de l'océan avaient la rancune tenace et très mauvais caractère. On disait même que certains clans organisaient des combats à mort dans des arènes pour régler un conflit, même mineur. Il était d'ailleurs assez simple de savoir quand des sirènes se battaient. Les plus violentes tempêtes étaient de leur fait. Et, bien évidemment, elles se fichaient éperdument des dégâts qu'elles pouvaient engendrer sur la terre ferme.

     Les sirènes du clan Boréal étaient particulièrement connues pour leur caractère acariâtre et peu avenant. Et bien que ce clan fût parmi les plus redoutables, ses sirènes demeuraient les seules à avoir établi un lien avec la surface, même si elles répudiaient ce terme.

     Amélia hocha finalement la tête et regarda sa tante ouvrir le sachet de toile. Curieuse, elle y jeta un œil et ce qu'elle y découvrit lui coupa le souffle.

     À l'intérieur se trouvait deux perles de la taille d'une paume de main presque aussi pâles que du cristal. Des reflets bleus et violets semblaient se mouvoir à l'intérieur même des perles, pareil à un océan de couleur. C'était un spectacle magnifique, hypnotisant et étonnamment apaisant.

     – Ce sont des perles de vague, expliqua Nausicaa devant le regard fasciné d'Amélia. Elles sont rares et difficiles à tailler. Les sirènes gardent jalousement leur secret de fabrication.

     – Je ne savais pas que Mystia Aura en vendait.

     – Elle n'en vend pas, conclut sa tante en refermant d'un coup sec la pochette. C'est son cadeau de mariage pour Jane Vonner. Tu te souviens ?

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant