La première chose que vit Amélia en arrivant avec sa famille devant les grilles du manoir des Monroe fut l'attroupement qui s'y trouvait. De nombreux invités était déjà arrivé et saluaient de bon cœur le maître des lieux.
Mars Monroe était très élégant dans son costume trois pièce blanc et beige. Une rose aux pétales blancs et or ornait sa boutonnière. Ses cheveux, d'un blond vénitien aux reflets dorés, étaient coiffés en arrière, mettant ses yeux marrons et sa mâchoire carrée en valeur. Un large sourire illuminait son visage, rare expression venant d'un homme habituellement si austère et sérieux.
Amélia aurait dû se réjouir de le voir ainsi, de tous les voir ainsi. Pourtant elle n'éprouvait qu'une sombre mélancolie, profond sentiment d'amertume. Comment pouvait-il sourire ainsi ?
L'adolescente sentit une main prendre doucement la sienne. En tournant la tête, elle découvrit son frère, presque aussi sombre qu'elle. Il affichait un pâle sourire, celui qui lui serrait tant le cœur, celui qui la brisait à chaque fois. Il lui serra la main.
– S'il te plait, murmura-t-il alors que leurs parents quittaient le fiacre. S'il te plait, n'y pense pas.
Amélia serra les lèvres. Elle aurait tellement voulu hurler, lui dire que c'était impossible, qu'elle ne pouvait pas ne pas y penser. Elle en voulait tellement aux Monroe, elle en voulait tellement au destin, au monde entier ! Mais, en croisant son regard, en voyant son expression si... triste, Amélia n'eut pas la force de dire quoi que ce soit. Elle sentit son courage s'ébranler, sa colère s'émousser. Alors, elle hocha simplement la tête et serra plus fort sa main.
Azriel sourit.
– Merci.
Puis Amélia se tourna et sortit à son tour du fiacre. La mort dans l'âme, elle aida Azriel à en descendre, ignorant avec superbe les murmures et les regards des autres invités sur elle, sur sa tenue, sur Azriel qui clopinait à son côté, sur ce fauteuil roulant qu'elle voyait être installé plus loin pour lui.
Et ils entrèrent dans le domaine des Monroe.
Dès qu'elle passa le portail, Amélia fut submergée par une vague de chaleur qui la fit frissonner. À côté d'elle, Azriel soupira d'aise. Son frère n'avait jamais beaucoup aimé le froid, il préférait de loin les saisons plus douces comme le printemps.
Amélia leva les yeux au ciel. Si l'on était attentif, il était possible de le voir légèrement pétiller. Ce scintillement était la marque de l'enchantement qui les entourait, formant une bulle à l'atmosphère printanière qui recouvrait tout le domaine. Amélia pencha la tête de côté, songeuse. Cette magie lui rappelait celle qui flottait toujours au-dessus de la propriété des Norwood, lui donnant l'apparence d'un jardin d'Eden. L'air y était doux, agréable. On en oublierait presque l'automne de l'autre côté des grilles.
En les voyant arriver, Mars Monroe se dirigea droit sur eux et serra la main de Roman avec enthousiasme. Il semblait si heureux.
Ça la dégoûtait.
Amélia n'entendit même pas leur conversation, elle refusait de croiser le regard du comte. Et comme Azriel lui serrait le bras, tant pour ne pas s'écrouler avec ses jambes fragiles que pour supporter la présence de Mars qui lui rappelait le pire jour de sa vie, Amélia ne dit rien et se contenta d'observer la roseraie qu'elle avait tant aimé quelques mètres plus loin.
Quand elle reporta son regard devant elle, elle remarqua que le comte l'observait. Il souriait toujours, même si son expression semblait un peu incertaine. Comment agir avec eux ? Comment leur faire face ? Il semblait mal à l'aise. Parfait, songea sombrement Amélia. Elle ne comptait rien faire pour le soulager. Qu'il lise donc la rancœur dans ses yeux, qu'il soit gêné en les voyant. Il ne méritait pas mieux.
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Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de Fée
Fantasía. Héritière de l'une des plus grandes familles d'Osha, Amélia se doit d'être irréprochable. Bridée par les règles imposées par sa mère et des codes de la haute société à laquelle elle appartient, la jeune sorcière se sent otage de sa propre exi...