Chapitre 10 : Rue des Cauchemars (1/2)

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     Amélia se tenait devant la Grand-rue, hésitant sur le chemin à prendre. Après un instant de réflexion – et refusant catégoriquement de repasser par le Quartier des Vampires – l'adolescente décida qu'il valait mieux traverser la rue commerçante et passer par le Quartier des Sylphes. Il lui serait alors plus facile de rejoindre celui des fées.

     Résolue, Amélia rabattit son capuchon et commença à déambuler au milieu des passants. Il ne lui fallut que quelques minutes pour atteindre l'entrée du Quartier des Sylphes. Là, les façades colorées et l'agitation de la Grand-rue cédèrent leur place à des murs aux tons clairs et un silence reposant.

     À première vue, le Quartier des Sylphe avait l'air parfaitement désert, on peinait à croire que des centaines de personnes peuplaient ce lieu. C'était à peine si la jeune fille croisa quelqu'un dans son errance. Pourtant, il aurait suffi de lever les yeux pour comprendre toute l'étendue de leur nombre. Et quand Amélia porta un regard au ciel, elle découvrit un tout autre monde.

     Les sylphes savaient manier les courant aériens et s'en servaient pour voler et faire voler ce qu'ils voulaient. Peu d'entre eux se servaient véritablement des rues dans lesquelles évoluait la jeune fille. Tout se passait dans les airs : les jeux, les réunions, les fêtes comme le commerce. Là, sur ce bon vieux planché des vaches, c'était à peine si on sentait un courant d'air au passage d'un sylphe. D'ailleurs, en y regardant de plus près, Amélia remarqua qu'il n'y avait pas la moindre porte à sa hauteur, tout juste quelques fenêtres.

     Pour espérer entrer chez un sylphe, il fallait être un sylphe ou s'en faire inviter.

     C'était aussi simple que ça.

     Se détournant de ce spectacle aussi étonnant qu'incongru, Amélia poursuivit son chemin. Passant de ruelles en venelles, elle traversa rapidement le quartier au mille et un courants d'air.

     Néanmoins, et pour son plus grand malheur, Amélia tomba sur une ruelle extrêmement venteuse qui se révéla être le théâtre d'une dispute d'amoureux particulièrement violente. Pliée en deux, les genoux fléchis, l'adolescente avait dû traverser une véritable tempête sans qu'aucun des deux sylphes qui s'affrontaient à grand renfort de cris au-dessus de sa tête n'y prête la moindre attention. Quand elle s'en extirpa enfin le souffle court, elle ne put retenir quelques jurons en remettant de l'ordre dans ses cheveux emmêlés. Ce ne fut que lorsqu'elle releva les yeux qu'Amélia se rendit compte qu'elle avait enfin trouvé ce qu'elle cherchait.


     Quand son regard plongea dans le Quartier des Fées, sa première réaction fut une grimace. La jeune fille avait l'impression de quitter la ville pour entrer dans un champ de ruine tant la différence de ressource était flagrante. Là où les sylphes arboraient des rues impeccables et quasi désertes, les fées, elles, semblaient patauger dans la crasse et la misère.

     À chacun de ses pas, et peu importait où son regard se posait, Amélia ne voyait que vêtement en lambeaux, maison branlantes et regards éteins. Les rues étaient sales et sentaient mauvais. La sorcière ne savait même plus où poser les pieds tant les pavés étaient jonchés d'immondices. Et, à en juger par l'odeur, elle se demanda s'il n'y avait vraiment que de la boue.

     Amélia accéléra le pas, elle ne voulait pas rester une seconde de plus ici. Mais plus elle avançait dans les rues sombres du Quartier des Fées, plus elle se rendait compte de la misère qui peuplait cette partie de la capitale. Des gens étaient assis à même le sol, enveloppés dans de vieilles capes élimées, une écuelle ou un bonnet à côté d'eux, dévoilant occasionnellement quelques piécettes de bronze. Mais rien qui puisse leur permettre d'acheter ne serait-ce qu'une miche de pain.

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant