Quelques heures plus tard, vers la fin des festivités, alors que le soir commençait à tomber et que les invités s'en allaient doucement, Azura vint chercher sa fille et lui demanda de la suivre.
Alors qu'elles traversaient le manoir des Monroe, Amélia sentit l'angoisse l'envelopper. Elle se demandait ce qu'elle avait bien pu faire de mal. Quand elle lui avait demandé pourquoi ils ne rentraient pas tout de suite, sa mère lui avait simplement répondu que la mariée souhaitait la voir. Cette réponse, qu'elle trouvait étrangement vague, l'inquiéta autant qu'elle l'intrigua. Bizarrement, et même si ce n'était pas vraiment le genre de Jane, elle s'imaginait déjà recevoir un sermon à cause de son comportement. La question était donc, qu'avait-elle bien pu faire de mal ?
Bon, elle savait qu'elle avait commis bon nombre d'impairs, comme observer les invités à la place du couple dans la chapelle, ou ne pas se lever avec les autres pour les applaudir à leur baiser, sans parler de leur valse qu'elle avait passé à parler avec Azriel sans leur prêter la moindre attention. Elle n'avait pas dansé, elle ne s'était pas mêlée aux autres. Allait-elle lui reprocher son inattention ?
Au vu des circonstances, elle imaginait mal Jane lui faire la morale pour cette raison, alors quoi ?
Au détour d'un long couloir, Azura s'arrêta enfin devant une porte ouvragée et toqua deux coups. De l'autre côté, une voix mélodieuse leur répondit d'entrer, ce qu'elles firent.
Quand la porte s'ouvrit, la première chose que vit Amélia fut Jane qui se levait d'une méridienne au velours bleu soyeux. Sa robe semblait scintiller dans les derniers rayons du soleil. Elle était vraiment magnifique.
La pièce dans laquelle elle les accueillit était un petit salon fleuri qu'Amélia apprécia tout de suite. Il n'avait rien à voir avec celui de sa mère, surchargé de bibelots et d'accessoires tous plus inutiles et magnifiques les uns que les autres. Les murs étaient couverts de dessins de fleurs et d'oiseaux colorés. Dans l'ensemble, c'était un salon magnifique à l'air champêtre et chaleureux.
Pourtant, malgré le sourire de Jane et l'ambiance douce et agréable de la pièce, Amélia se sentit prise au piège, gelée. Elle n'osait pas approcher. Si bien qu'il fallut qu'Azura la pousse en avant pour la faire entrer tout à fait dans la pièce. Elle se mit à triturer nerveusement ses mains, sa robe éparpillant des pétales de roses tout autour d'elle.
– Je suis si heureuse que tu sois là, lui sourit Jane. En fait, je craignais que vous ne veniez pas, Azriel et toi.
Son sourire vacilla, incertain. Et pendant une étrange longue seconde, il lui sembla voir les beaux yeux vert clair de la mariée s'assombrir. Amélia savait que Jane éprouvait beaucoup de tendresse pour son frère et elle. Après ce qu'il s'était passé entre les Monroe et les Moonfall quelques années plus tôt, après le chagrin qui s'était écrasée sur la Première Famille, elle ne fut pas étonnée d'entendre ces mots.
– Azriel tenait à venir pour vous, expliqua sobrement Amélia. Mais... si ça n'avait tenu qu'à moi, dit-elle en jetant un regard à sa mère, je ne serais pas venue.
Azura ouvrit la bouche pour répliquer quand Jane leva une main en signe d'apaisement.
– Je comprends.
Il y eut un silence. Puis Jane alla chercher un petit coffret de bois sur un guéridon non loin et revint vers elles.
– En fait, si je voulais que tu viennes, c'est pour te donner ceci.
Et elle lui tendit le coffret.
– Hum... ce n'est pas plutôt à la mariée que l'on offre des présents ? demanda Amélia perplexe en recevant le coffret.
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Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de Fée
Fantasy. Héritière de l'une des plus grandes familles d'Osha, Amélia se doit d'être irréprochable. Bridée par les règles imposées par sa mère et des codes de la haute société à laquelle elle appartient, la jeune sorcière se sent otage de sa propre exi...