Chapitre 40 : Les Norwood (1/2)

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     Les pas d'Amélia résonnait férocement dans le silence de la nuit. Elle essuya rageusement une nouvelle larme. Ses traitres d'yeux ne cessaient de déborder depuis qu'elle avait quitté la résidence et sa colère ne désemplissait pas. Ses mains tremblaient encore lorsqu'elle posa les yeux sur sa robe de bal. La soie turquoise semblait miroiter à la lumière des lampadaires, ses dentelles et volants s'agitant au moindre de ses mouvements. Cette simple vision décupla la rage qui lui brûlait l'esprit, car cette robe et tout ce qu'elle portait, avaient été choisi par sa mère.

     Avec des gestes brusques, Amélia se mit à déchirer, arracher des pans entiers de ses jupes. Le bruit de la soie qu'on déchire se répercuta dans toute la rue, sinistre écho d'une colère qui éclate au grand jour. Elle retira ses gants de soie, arracha toutes les épingles de ses cheveux, abandonna même ses chaussures. Jagger la regarda faire, sidéré, alors qu'elle se délestait rageusement de tous ses artifices. Ce ne fut que lorsqu'elle s'attaqua à ses derniers jupons, dévoilant ses jambes, que Jagger réalisa brusquement ce qu'il regardait et détourna les yeux.

     – Est-ce que ça va ? se risqua-t-il à lui demander quand le silence retomba sur la rue.

     Amélia s'arrêta et se tourna si brusquement vers l'homme-fée qu'il eut un sursaut. Les yeux noisette qu'elle planta sur lui étaient comme des flèches acérées.

     – Fini de jouer Jagger, déclara-t-elle d'une voix éraillée où perçait toute sa fureur. À partir de maintenant, la chasse est ouverte.

     – Tu es sûre que c'est une bonne idée ? Ta mère...

     – Ne comprend rien. Je suis une Moonfall, déclara-t-elle en se redressant, mes pouvoirs doivent servir à aider les autres, pas à épater la galerie lors de salons mondains. Je compte bien arrêter ce tueur, Jagger, et je le ferai avec ou sans toi.

     Sur ces derniers mots, elle se détourna et reprit son chemin. Jagger hésita un instant, regardant nerveusement en arrière avant de pousser un juron et de la suivre.

     – Comment comptes-tu t'y prendre ? demanda-t-il en parvenant à ses côtés. On ne sait rien de lui.

     – Faux. On sait que c'est un sorcier et je pense enfin savoir de quelle famille.

     – Comment ?

     – Tu verras. Pour le moment je dois trouver Anita. Elle seule peut confirmer mes soupçons.

     – Anita Norwood ? s'étonna l'homme-fée.

     – Ne t'inquiète pas, elle ne te refusera pas l'entrée de sa maison, les Norwood sont les gens les plus tolérants que je connaisse.

     Mais alors qu'Amélia pressait le pas pour retrouver le manoir de la guérisseuse, Jagger l'arrêta.

     – Amélia.

     – Quoi ?

     – Tu ne peux pas rester comme ça, dit-il sombrement. Il te faut de nouveaux vêtements.

     Le regard de la jeune fille tomba sur sa robe en lambeau. Pas vraiment le genre de tenue à porter en plein mois de novembre.

     Elle fit claquer sa langue.

     – Ah... oui, tu as raison.

     La chair de poule lui couvrait déjà les bras. Jagger regarda tout autour de lui quand son regard s'illumina. À côté de lui, Amélia commençait à grelotter. Il lui prit la main et la conduisit dans une ruelle lugubre non loin.

     – Ne bouge pas, je reviens.

     Et sans lui laisser le temps de répondre, il s'enfonça dans les ombres.

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant