Chapitre 24 : Dylan O'Brian (2/3)

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     Quelques mètres plus loin, le couloir débouchait sur un petit escalier en colimaçon. Mais, alors qu'Amélia s'apprêtait à y poser un pied, des voix s'élevèrent de l'étage inférieur. Aussitôt Jagger et elle se renfoncèrent dans les ombres. Mais la curiosité immense qui la rongeait poussa Amélia à jeter un regard par-dessus la rambarde. Juste en dessous, trois hommes discutaient à voix basse.

     L'un d'eux – un vampire lui semblait-il – portait une longue blouse blanche. Amélia en reconnu tout de suite le blason qui l'ornait, un serpent s'enroulant autour d'une branche d'olivier, le symbole de l'Aîné Sage. Un médecin légiste, conclut-elle. Seuls les membres de l'Ordre des Médecins pouvaient arborer ce blason.

     Les deux autres, eux, portaient l'uniforme bleu et argent des officiers de police. La seule touche d'or résidait dans le blason sur leurs épaules, une épée pointant les éclats du soleil, le symbole de l'Aîné Lux.

      – Je trouve ça vraiment injuste, plaidait l'un des officiers à voix basse – un ondin au vu de ses cheveux bleus. O'Brien se plie en quatre et on n'a même pas le droit de l'aider !

     Amélia fonça les sourcils. Comment ça, ils ne pouvaient pas l'aider ?

     – Ce tueur est une vraie plaie, grogna le vampire d'une voix caverneuse. Il nous fait passer pour des idiots.

     – Comment le Commissaire peut-il nous empêcher de faire notre travail ? bougonnait le plus jeune – un humain.

     – Il a peur pour ses miches, cracha le vampire.

     Même d'aussi loin, Amélia pouvait voir ses yeux luire de colère.

     – Si ces nobliaux de sorciers arrêtaient de nous mettre des bâtons dans les roues, il y a longtemps que le tueur aurait été appréhendé, c'est moi qui vous le dis !

     Amélia savait que la remarque ne lui était pas réellement destinée, mais cela faisait tout aussi mal que de recevoir une paire de gifle. Et, en y repensant, elle aurait presque préféré cette dernière. Au moins la douleur physique avait-elle un terme. La colère et la honte, elles, persistaient bien plus longtemps dans les mémoires.

     – Dire qu'on est relégué à la paperasse juste pour nous empêcher d'aider, fulminait l'ondin. Quand le monde est-il tombé aussi bas ?

     – Quand ces maudits Lerouge ont complètement déraillés, répondit le vampire avec amertume.

     Amélia sentait qu'il aurait volontiers croqué l'un deux. Elle voyait d'ailleurs ses longues canines effilées lui sortir de la bouche tant sa colère bouillonnait, prête à exploser.

     Note à moi-même, se figura la jeune fille, ne jamais énerver un vampire qui n'a pas eu sa dose. Car, à y regarder de plus près les cernes qui pendaient à ses yeux, celui-ci ne semblait pas avoir dormi depuis un moment, ni but son litre de sang.

     Il soupira, passant une main lasse dans ses cheveux bruns.

     – Enfin... j'espère qu'O'Brien trouvera rapidement le coupable. Je ne veux plus avoir à autopsier une nouvelle fée, c'est bien trop horrible...

     Derrière elle, Amélia sentit Jagger se tendre.

     Le petit groupe finit par se séparer, le vampire s'en allant le premier dans les profondeurs du bâtiment – sans doute retrouverait-il la salle d'autopsie – alors que l'ondin et l'humain disparaissaient dans un autre couloir.

     Après un long silence, Amélia se tourna vers Jagger.

     – Tu vois, nous ne sommes pas les seuls à nous en soucier.

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant