Chapitre 40 : Les Norwood (2/2)

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     La demeure des Norwood était certes bien moins grande et fastueuse que celle des Moonfall, mais tout aussi belle. Partout où son regard se posait il ne voyait que fleurs et jolies plantes. Un lierre décorait même la rambarde de l'escalier qu'ils gravissaient alors que des tableaux aux fleurs enchantées décoraient chaque mur de la résidence. Certaines de ces fleurs sortaient même du cadre, délivrant un parfum printanier délicat qui embaumait l'air. Des pétales de fleurs maculaient le sol sous les peintures, s'évaporant dès qu'on posait les pieds dessus. Un peu plus et il se serait cru perdu dans le palais de la Forêt des Songes, son conte de fée préféré. Même la verrière qui les surplombait était parcourues de plantes dont les tiges et les fleurs pendaient langoureusement du plafond.

     Sans se soucier de l'admiration de son compagnon, Amélia prit la direction de l'imposant escalier qu'elle gravit au pas de course jusqu'au premier étage. Mais alors qu'elle s'apprêtait à s'enfoncer dans un nouveau couloir, décoré de nouvelles plantes, les filles d'Ilara et Larissa leur tombèrent dessus.

      Les quatre fillettes sortirent la tête d'une pièce adjacente – un boudoir d'où s'échappait une entêtante odeur de rose – et, reconnaissant Amélia, fondirent aussitôt dans ses jambes.

     – Viens prendre le thé avec nous ! réclama l'une d'elle.

     – Nous avons fait des biscuits à la rose, tu veux gouter ? demanda la seconde.

     – Pourquoi tu portes ces guenilles ? questionna une autre.

     – C'est qui derrière toi ? Tu nous as ramené un nouveau jouet ?

     Leurs regards basculèrent comme un seul homme sur Jagger dont la nervosité grimpa d'un cran. On aurait dit des petits prédateurs prêts à mordre et le sourire qu'elles leur offrirent lui donna froid dans le dos. Elles étaient absolument toutes identiques : les mêmes boucles châtain, les mêmes yeux émeraudes, les mêmes robes rose poudré. Jagger en avait la tête qui tourne.

     – Pardon les filles, répondit très calmement Amélia, mais je suis venu voir Anita.

     Les filles rouspétèrent pour la forme et tentèrent bien de convaincre Amélia de rester plus longtemps, mais la sorcière – au grand soulagement de Jagger – dépassa les fillettes sans se soucier de leurs mots ni de leurs larmes et s'enfonça un peu plus dans le sombre couloir.

     – Je croyais que les filles Norwood avaient une vingtaine d'années, finit par articuler Jagger en se massant les tempes.

     Derrière eux, les sanglots se muèrent en rire. En se retournant, Jagger découvrit les filles toute rassemblées à l'entrée du boudoir à les épier. Dès qu'elles croisèrent son regard, elles claquèrent la porte en riant. Jagger en eut des frissons.

     – Ne te fit pas à leur apparence, lui dépondit Amélia en plissant les yeux dans le noir, ce n'est qu'une illusion. Ça fait des années qu'elles abusent de la potion de rajeunissement. Elles adorent jouer les enfants, tout comme leurs mères adorent jouer à la poupée avec elles. Je ne leur fais pas confiance, j'évite le plus possible de passer du temps avec elles.

     – Pourquoi ? Ce sont des Norwood...

     Amélia fit la grimace.

     – Une branche pourrie. Les seuls vrais Norwood ici sont Anita et Prince, le seul fils de la famille. Ne te fie à personne d'autre. Tout le monde ici se plie aux ordres d'Anita parce qu'elle est la plus puissante. C'est pour sauver son patrimoine qu'elle a choisi de prendre en main la famille. Quand Prince est né, elle l'a tout de suite arraché à ses parents. En tant que garçon il deviendrait le prochain chef de famille et Anita ne pouvait pas permettre qu'il devienne comme ses sœurs et cousines.

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant