Après un moment à déambuler dans le Quartier des Sorcières, entre les grandes maisons aux beaux jardins, les salons de thé chic, et les restaurants gastronomiques, les deux amies arrivèrent enfin dans la Rue des Légendes où elles retrouvèrent le manoir de la famille Moonfall.
Dès qu'elles s'en approchèrent, les hautes grilles qui l'entouraient s'ouvrirent en grand. Le gravier crissait sous leurs pieds alors que, quelques mètres plus loin, se dressait l'imposante demeure.
Emily passa rapidement devant Amélia et lui ouvrit grand la porte. Elle lui adressa un clin d'œil et s'inclina bien bas dans une parodie de révérence pour l'inviter à entrer. Rassurée, Amélia lui rendit son sourire et pénétra dans le hall.
Le bruit de ses pas résonna dans l'immense vestibule où planait un silence religieux. Emily referma la porte derrière elles en toute discrétion avant d'aider Amélia à retirer son manteau et ses gants qu'elle s'empressa de ranger.
Amélia regarda pensivement la pièce qui s'étendait autour d'elle. Elle était quasiment certaine que rien que le hall de sa maison aurait pu accueillir deux maisons de fée. Un joyeux gâchis de ressource et d'espace au service de quoi déjà ? Ah, oui ! le privilège de montrer à tous la richesse de la première famille du pays et son pouvoir sur les autres.
Les murs qui l'entouraient semblaient immensément trop grands. À ses pieds, un sol de marbre blanc décoré de lignes turquoise dessinaient des formes géométriques sous ses semelles. À sa droite, une grande porte à double battant, sculptée dans un bois d'if importé, donnait sur la grande salle à manger. À sa gauche, une porte-vitrée plus grande encore donnait sur un immense salon où se confondaient fauteuils, canapés, guéridons, bibliothèques, candélabres et méridiennes. Sans compter les innombrables tableaux et le lustre de cristal qui pendait majestueusement au plafond au centre de la pièce. Juste en face de l'adolescente s'élevait un immense escalier de marbre blanc, recouvert d'un épais tapis bordeaux, dont la rambarde d'acajou sculpté brillait de mille feux.
Et, debout au milieu de ses marches reluisantes, se dressait Azura Moonfall, un regard sévère fixé sur sa fille. Sa main gauche glissait avec légèreté sur la rambarde éclatante alors qu'elle descendait avec la lenteur et la grâce d'une reine l'imposant escalier desservant le premier étage.
S'il y avait bien une chose qu'Amélia n'avait pas hérité de sa mère, c'était ces yeux-là ; d'un bleu azur acéré. La dame fusillait son enfant du regard, debout juste au pied de l'escalier. Grande et mince, ses longs cheveux auburn dévalaient son dos en une cascade brillante et disciplinée. Sa peau était claire, presque pâle et ses lèvres d'un rouge assommant. Elle portait l'une de ses robes couleur de nuit, dont le tissu satiné dévalait ses hanches jusqu'au sol avec fluidité.
Tout en elle forçait le respect et l'admiration.
Pourtant, et malgré son joli visage, Amélia ne pouvait s'empêcher de lui trouver des airs un peu rudes et froids. Plus elle regardait sa mère, et plus elle lui faisait penser à une princesse des glaces gâtée et hautaine. Tout ce qu'elle pouvait détester chez les nombreux aristocrates de la Cour des Sorcières, elle le retrouvait sans mal chez sa mère. Si bien qu'il lui arrivait presque de regretter d'être née Moonfall.
Azura ne prit même pas la peine de descendre les quelques marches qu'il lui restait pour se retrouver face à sa fille. À la place, elle la toisa du haut de ses marches, la dominant de sa hauteur. Elle fronça alors ses sourcils bien taillés et jeta un regard dédaigneux à son enfant. Il semblait à Amélia que l'apparition de sa mère avait totalement éclipsé la présence d'Emily. Si elle n'avait pas été attentive, elle aurait presque pu ne pas l'entendre retenir sa respiration quelques pas derrière elle.
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Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de Fée
Fantasi. Héritière de l'une des plus grandes familles d'Osha, Amélia se doit d'être irréprochable. Bridée par les règles imposées par sa mère et des codes de la haute société à laquelle elle appartient, la jeune sorcière se sent otage de sa propre exi...