Chapitre 12 : Le journal (2/2)

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     Les lumières éteintes, confortablement installée dans son lit, Amélia commençait à somnoler quand quelques coups furent frappés à la porte. Elle se redressa dans ses couvertures, un peu alanguie par le sommeil et lança un « entrez » quelque peu grognon. Qui pouvait donc la déranger maintenant ? Elle qui ne rêvait plus que de dormir depuis qu'elle était rentré de sa catastrophique sortie dans le Quartier des Fées...

     La porte s'ouvrit sur un M. George un peu embarrassé. D'un signe de la main, elle le pria d'entrer et le majordome s'exécuta.

     – Pardonnez-moi de vous déranger si tard, mademoiselle, s'excusa-t-il. Mais je devais vous remettre ceci.

     Amélia tendit le cou alors qu'il lui tendait un plateau d'argent où reposait, soigneusement plié, un exemplaire du journal Le Messager.

     Très connu pour ses articles de faits divers, Le Messager était aussi un journal d'information locale relatant absolument tout ce qu'il se passait dans la capitale. Rien n'échappait jamais au Messager. Mais, en cas d'événement fâcheux, mieux valait se retrouver en première page de celui-ci plutôt que du magazine à scandale Les fous des folles. Ce dernier n'avait pas son pareil pour déformer la réalité et ne s'en privait guère. Ses articles provoquaient d'ailleurs plus de remous que les faits dont ils étaient inspirés.

     Amélia posa un regard perplexe sur le vieil homme et réprima un bâillement. Il se racla la gorge.

     – Le jeune maître m'a demandé de vous remettre ceci. Peut-être cela pourra-t-il vous aider dans vos recherches. Je vous prie de m'excuser, mademoiselle, reprit-t-il penaud, j'aurai dû vous le remettre plus tôt dans la matinée, mais cela m'est sorti de l'esprit.

     Amélia le considéra avec pitié.

     – J'imagine que la bataille de nourriture qui a suivi mon départ n'a pas aidé, sourit-elle d'un air contrit.

     – Effectivement, lui répondit-il sombrement.

     Pauvre M. George, se dit-t-elle. Il devait constamment réparer les bêtises de tout le monde au manoir. Amélia songea que cet homme était vraiment une perle. Comment diable faisait-il pour les supporter tous autant qu'ils étaient ? La jeune fille se promit de lui offrir au moins une semaine de congé, à lui et à Mme Bennett. La cuisinière en cheffe fulminait encore dans sa cuisine quand ils étaient passés à table. Et, d'après ce qu'Azriel lui avait glissé à l'oreille durant le repas, elle avait sévèrement réprimandé toutes les sorcières présentes au goûté.

     Amélia aurait adoré voir la tête de Théodora Gossen alors qu'elle se faisait houspiller par la cuisinière, sa robe couverte de délices et ses cheveux défaits. Un tableau magnifique, à n'en point douter ! Malgré cela, l'adolescente ne réussit pas à s'en réjouir. Elle se sentait soudain coupable d'avoir éprouvé tant de joie en voyant Luvenia jeter la première cette délicieuse tarte au citron à la face de cette vieille harpie de Théodora. Quel gâchis...

     – Ce n'est rien, finit-elle par dire en souriant au majordome. Merci M. George.

Le vieil homme sembla soulagé et s'inclina avant de lui souhaiter une bonne nuit et de prendre congé. Dès qu'il eut fermé la porte, Amélia alluma sa lampe de chevet et se plongea dans le journal. En première page, et en gros caractère, se trouvait un article sur de nouvelles morts :


LA MORT FRAPPE ENCORE DANS LE QUARTIER DES FÉES

     Tôt dans la matinée de ce 13 novembre, une famille de fée a été retrouvée sans vie dans les décombres de leur maison après un incendie meurtrier. Le départ du feu n'a pas encore été identifié et des spécialistes en élémentarisme travaillent encore sur les causes et l'origine du brasier.

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant