Chapitre 34 : Sous la lune (1/2)

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     C'était le dernier jour du Festival et malgré de nombreuses heures à écumer les articles des journaux, Amélia n'avait trouvé aucune trace d'un nouveau meurtre. Le Tueur de Fée semblait continuer à faire profil bas et la jeune fille était bien décidé à en profiter.

     Se mêlant à la foule qui se pressait dans le Parc de Lune, Amélia dut jouer des coudes pour entrer dans le grand chapiteau du Cirque où allait se tenir leur grande représentation magique. Il y avait des années qu'elle ne l'avait pas vu et il lui tardait d'en découvrir les nouveautés. Une chose cependant l'attristait beaucoup : Azriel, bien qu'enthousiaste comme jamais, était trop frêle pour supporter un tel bain de foule, surtout alors qu'Amélia devait déjà lutter pour se trouver une place. Son frère avait donc dû rester en arrière au milieu des stands merveilleux en compagnie d'autres membres de la famille à qui elle le confia, lui promettant de lui rapporter en détail tout ce qu'elle verrait sous le célèbre chapiteau.

     Mais pour l'heure, il lui fallait encore se frayer un chemin dans cette marée de costumes abracadabrants. Amélia trébucha sur de nombreux de pieds joliment chaussé et marcha sur autant de bas de robes extravagantes. Pendant une horrible seconde, elle manqua même se casser le nez en étant violement poussé contre une poutre porteuse. En définitive, elle voyait très mal Azriel, en béquille ou en fauteuil, déambuler au milieu d'un troupeau pareil. Amélia était à deux doigt de se servir de sa magie pour s'ouvrir un chemin entre les badauds tant sa patience commençait à s'essouffler.

     Fort heureusement, l'adolescente parvint à se dénicher une place tout au fond de la salle et juste assez en hauteur pour voir la scène au-dessus de la tête des autres spectateurs. Elle eut tout juste le temps de remettre de l'ordre dans ses jupons couleur ciel d'hiver que les lumières se tamisèrent. Le silence se fit, seulement troublé par le froufrou des vêtements et les murmures impatients, puis la musique s'éleva. Et, à travers un nuage de fumée, apparut enfin le Maître des Illusions dans son costume rouge et or de M. Loyal.

     – Mesdames et messieurs, enfants de tous âges et êtres de tous lieux, je vous souhaite la bienvenue ! Ce soir, préparez-vous à assister au spectacle le plus enchanteur de toute votre vie. Ce soir, la fantasmagorie sera au rendez-vous et, je l'espère, répondrez-vous à son appelle...

     La fumée qui l'entourait se transforma brusquement en un brouillard épais qui l'avala complètement avant d'onduler sur la scène, formant des silhouettes nébuleuses. Puis le vent se mit à souffler sous la tente et un sylphe fendit l'air au-dessus des spectateurs, repoussant au loin le brouillard qui s'évapora pour de bon. Le Maître des Illusions avait disparu, laissant au comédien toute la scène.

     Ce dernier, déguisé en esprit du vent tout de blanc, de gris perle et de bleu ciel, s'inclina devant la foule. Ses pieds ne touchaient pas terre et, lorsqu'il se releva, les spectateurs découvrir un masque peint à même son visage tout en dessin de nuage et paillette argentées. Le sylphe leva alors une main vers le ciel et, comme répondant à son appelle muet, sa partenaire apparut à son tour, tourbillonnant dans un courant d'air. Tous deux portaient des costumes assortis, grimés en esprit du vent tout en voiles délicats et couronnes de nuages.

     À présent réuni, le couple se mit à danser dans les airs, éblouissant la foule par leur grâce et leur élégance. Ils semblaient marcher sur l'air, virevoltant sur un sol invisible, montant et descendant au-dessus de la foule qui ne pouvait les quitter des yeux, offrant le ballet aérien le plus exquis qu'Amélia n'eut jamais vu.

     Puis, une éternité plus tard, le couple s'arracha à l'attention des spectateurs et disparut dans une dernière pirouette. Un tonnerre d'applaudissement retentit et l'attention de la foule se porta sur l'homme qui venait d'apparaître au milieu de la scène. Les mains dans le dos, il arborait un sourire serein. Quand le silence fut de nouveau total, la silhouette de l'homme se scinda en deux. D'abord perplexe, Amélia – comme le reste de l'assistance – crut qu'il s'agissait d'une nouvelle illusion avant de comprendre qu'il s'agissait de jumeaux.

Amélia Moonfall - Tome 1 : Le Tueur de FéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant