Personne depuis toi

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J'avais rejoint mon lit un peu perturbée...Les mots d'Amélie résonnant dans ma tête. Il était évident qu'elle prenait sur elle, et que ce diner...Même si elle avait tout fait, pour qu'il ait lieu...Ne l'avait pas rendu sereine.

J'avais déjà conscience, de lui laisser un trou dans la poitrine...Ses yeux ne mentaient jamais, et parfois ils ne reflétaient que de la tristesse. Peut être avait-elle fait ami-ami avec Arthur sans arrière pensée, et il me plaisait de le croire tel quel. Cependant ma belle endormie avait passé la plupart de la soirée en tête à tête avec lui, presque délaissée par ma personne.

Je ne pouvais pas non plus ignorer l'analyse de David, que j'entendais déjà ronfler à travers la cloison. D'un côté, il avait raison...Toute relation devenant un jour routine. Malgré tout, je me plaisais encore à penser qu'avec elle ça pouvait être différent...Plus poétique...Plus passionnel.

Je ne pouvais blâmer que moi, seule responsable de la froideur de mes relations avec Arthur. Il composait la plupart du temps avec mes humeurs changeantes, et mon manque de distance.

Il avait retrouvé notre chambre, bien plus tard que ce que je ne croyais...Je fis mine de dormir, évitant un debriefing se terminant trop souvent en monologue. Mon compagnon me prit dans ses bras, avec une attention particulière, puis m'embrassa la tempe. Il ne mit pas longtemps à s'endormir, me laissant songeuse sans même en avoir conscience.

J'avais la fâcheuse habitude de me torturer l'esprit, revivant mentalement la dernière scène de cette soirée...Encore, et encore...Cherchant le petit grain de poussière, qui aurait pu changer le cours des choses.

 Savoir qu'Amélie avait préféré l'ivresse, pour passer le cap d'une nuit chez moi ne m'enchantait pas du tout. L'alcool, comme les drogues était mon mécanisme de défense à moi, m'anesthésiant assez pour m'éviter un "triturage" en règle de cerveau. 

Songer au fait, qu'elle avait délibérément choisi d'amener le brouillard dans son esprit...Dans ses émotions...Me fit immédiatement couler les larmes. J'étais une bombe à retardement, détruisant tout sur mon passage quand on m'avait suffisamment apprivoisé. Je faisais déjà un saccage dans le cœur de ma belle, alors qu'elle m'avait promis du temps...Et je prévoyais de faire le même carnage dans celui d'Arthur.

Si je reprenais l'analyse fine de David, j'étais en droit de me poser la question primordiale...Qui allait potentiellement souffrir le plus? Sur qui une rupture pourrait avoir le plus d'incidence négative?

Je me ravisai dans la seconde...Outrée par mon cheminement de pensée. Depuis quand étais je capable de calculs, plutôt que de sentiments purs? J'étais en train de me perdre, bien plus que de hypothétiquement perdre un être aimé. 

J'eus dans la foulée, une série de petits hauts le cœur...Découlant encore une fois, de ma piètre opinion de moi même. 

Je décidai de reprendre mes vieilles habitudes d'obsessionnelle, pour sombrer au plus vite dans le sommeil. Je repris l'un après l'autre tous les noms d'animaux commençant par la lettre A, puis B, puis C et ainsi de suite...Après plusieurs chaines de mots, je fis des sous parties, sachant l'entreprise plus fatigante sur un plan cognitif...Les animaux des océans...De la savane...ect...Perdant bientôt le fils...Pour partir au pays de la léthargie. 

Mon réveil fut plutôt agité...Des bruits dans la cuisine, et un mélange de voix graves me faisant quasi sursauter. J'enfilai mes vêtements de la veille dans l'optique de descendre, mais je me ravisai au passage de la porte de la chambre.

Je m'orientai instinctivement vers notre chambre d'amis, poussant des plus délicatement la poignée. Je retrouvai Amélie, me tournant le dos...A moitié découverte.

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant