Entre peur et espoir

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Je me réveillai doucement, devant remettre mon cerveau en ordre pour me rendre compte de l'endroit où je me trouvais. Je cherchai mécaniquement sur la table de nuit, reprenant les codes de la maison. Pour autant j'avais laissé mon téléphone dans mon sac, et fus vite envahie par une angoisse naissante...Devenant de plus en plus présente en moi, inondant mes veines jusqu'à subir l'oppression dans ma poitrine sans négociation possible avec moi même.

Amélie était déjà levée...Et malgré mon manque de repères...Je pris le temps de respirer lentement, me promettant  intérieurement de me maîtriser. Je comptai dans ma tête, reprenant ensuite une série de mots connus répétitivement. J'utilisai cette méthode depuis toujours, pour faire le vide dans mon esprit souvent torturé. 

Je ne pus faire autrement, que d'assumer mes actes de la veille...Touchant mon corps par endroit, pour valider le fait d'avoir dormi nue. Ce n'était pas une habitude...Me rhabillant mécaniquement à chaque fois, même quand je faisais l'amour avec Arthur. 

Ayant une rapide pensée pour mon compagnon...Je subis une rafale de panique de plein fouet...Prise par la mauvaise conscience, et éprouvant dans la seconde le dégoût de moi même. J'avais toujours eu conscience de mon détachement, me disant soit disant capable de pardonner s'il passait à l'acte avec quelqu'un d'autre. Toutefois, mon monde paradoxal avait lui aussi ses limites. 

J'avais envie de vomir, sachant que je ne pourrais pas mentir...Ou même arranger une certaine réalité avec les mots...Mais surtout, je n'avais pas d'excuses...Et étais en pleine conscience de l'avoir trompé.

Dans l'instant...Un bruit de vaisselle dans la cuisine, interpella mon attention nébuleuse et perturbée. Amélie avait l'air de s'activer, sûrement pour nous préparer un petit déjeuner digne de l'après... Après la première nuit.

 Je m'étais toujours amusée, en appelant ce genre de petite attention...Un bon retour sur investissement. J'avais dû expliquer à de maintes reprises à Julian lors de nos soirées confidences, que pour partager un moment pareil avec moi...Il fallait que mon ou ma partenaire de la nuit, ait suffisamment donné de sa personne pour me convaincre de rester.

Je ne savais plus comment adapter mon comportement, quasiment capable de m'enfermer à double tours pour ne pas avoir à me confronter à elle...A son sourire...A son regard amoureux, et ses mots qui seraient forcement doux et sans filtre. 

Je me frottai le visage, comme pour me sortir d'une rêverie...D'un délire, provoqué par une consommation excessive d'un quelconque euphorisant.

Je cherchai l'introspection, et les excuses à l'excès... Pour Autant, je n'eus pas le droit à un moment supplémentaire seule avec moi même...Cette possibilité, de me raconter un énième mensonge...De trouver une raison, pour me flageller le cœur et l'âme une fois de plus.

Ma jolie brune ouvrit la porte délicatement...Etonnée de me voir déjà éveillée, et agitée. Son sourire fut soudainement solaire, emportant mon regard dans une contemplation de ses traits si parfaits. Ses yeux brillants me remerciaient déjà sans un mot...Pour notre moment à nous...Pour les sensations exquises, qui nous avaient fait voyager vers le bonheur.

Je fus incapable de parler...Mutique comme lors de ma première fois. Ma partenaire de la nuit vint s'assoir dans le moelleux de la couette, comprenant déjà que je vivais un moment difficile en moi même. Sa voix se voulut profondément tendre et câline, faisant apparaitre dans ma gorge une boule de honte:

-"Bien dormi ma belle?? Je ne pensais pas, que tu te lèverais aux aurores...Il est six heures et quart...Tu as bien le temps de trainer au lit...A moins, que tu me réclames déjà...Pour un moment doux?!" 

Elle avança instinctivement, pour venir m'embrasser. J'eus un mouvement de recul, la perturbant jusqu'au plus profond de son être...Je vis quelque chose se casser, dans la lueur vive de ses pupilles. Mon comportement sauvage, venait encore une fois de faire du mal à quelqu'un...Que j'aimais bien plus, que ce que pouvait accepter mon intellect si guindé.

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant