Probabilité bien trop mince

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J'avais fini par céder aux volontés d'Amélie...

Elle s'était agitée un long moment à la cuisine, sortant avec discrétion ce qu'elle avait apporté pour nous régaler.

 Elle arriva bientôt avec un plateau, un sourire flamboyant sur les lèvres:

-"Tadam!!"

J'observai attentivement son contenu, oralisant mes interrogations internes:

-"Des sushis?? Tu voulais vraiment m'impressionner!?!"

Le sourire de ma belle s'effaça d'emblée, laissant place à de l'hésitation et des trémolos dans la voix:

-"Je n'ai jamais eu l'occasion de t'inviter...Tu sais...Le Japonais, un peu plus loin...Euh...De chez moi."

Je me rendis instantanément compte de ma bêtise, me rappelant mon refus d'un tête à tête à l'extérieur, lors de notre soirée...La notre...La seule. Je fus bientôt submergée par l'émotion:

-"Désolée...A croire qu'à force d'être loin de la civilisation, je perds mon savoir vivre et mes bonnes manières!"

Une nouvelle vague de vérité, revivant chez toutes les deux nos moments ratés, arriva en un souffle:

-"Ca aurait été une fierté...De t'avoir à mon bras."

Je fis diversion, même si l'angoisse remontait en moi avec fulgurance:

-"Je ne prévois pas, de rester indéfiniment dans cet état végétatif!! Je suis certaine, qu'on aura l'occasion d'y aller un de ces jours!!"

-"Caro..."

-"Quoi??"

-"Tout comme moi, tu sais bien que cette probabilité est mince...Plus d'illusion...Plus de belle promesse, hein?? C'est ce que tu veux, non??"

Un frisson aigre me traversa, alors qu'une nouvelle prise de conscience me tamponnait l'encéphale. Notre histoire d'amour belle et bien terminée, n'avait jamais été aussi flagrante. Je perdais volontairement mon regard dans l'arrière plan, quand mon amour passé reprit avec douceur:

-"Et si tu me disais juste, ce que tu en penses?!"

Malgré son essai de passer outre, mes ruminations m'embuaient l'âme...Ce qui devait se lire sur mes traits. Amélie posa notre repas sur la table basse, retrouvant sa place à côté de moi:

-"Ma belle...Je n'aime voir la tristesse, sur ton joli visage."

Ses yeux cherchèrent les miens, alors que je n'avais plus la force de retenir mes larmes. Les mots restèrent bloqués dans ma gorge, l'obligeant à se reprendre presque honteuse:

-"Caroline, si tu crois que c'est moins dur à admettre pour moi...Mais, on se doit d'être vraies. Le temps, donnera le rythme à tout ce qui nous heurte."

-"Les images...Les métaphores...La poésie...Ca ne rend rien plus facile!"

-"Tu as raison. Je veux seulement dire, qu'il faut qu'on prenne de la distance...Pour nous...Mais qu'avec le temps, on trouvera le bon tempo...Pour l'amitié. Tu comprends?"

Mon cœur se cassa en milliard de petites pièces, alors que je reformulais:

-"Je comprends par là, que tu n'as pas prévu de revenir me voir."

Un larme roula sur la joue de ma belle brune, qui prit doucement ma main entre ses doigts tremblants:

-"Il faut, que je laisse de la place...Pour que tu puisses, te reconstruire sans moi dans les parages. Tu as besoin d'oxygène, et à cause de moi...Tu continues à vivre en apnée."

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant