Moi aussi, je tremble un peu

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La fin de semaine était arrivée à une vitesse déconcertante...Et la journée du vendredi s'annonçait bien chargée, à cause des nombreux cartons à faire.

Je ne m'étais jamais sentie aussi proche du départ, et j'avais vécu mon début de journée avec un pincement au cœur persistant. Toutefois, mes petites routines avec David m'avaient tenu à flot jusqu'aux alentours de midi.

D'ailleurs...Nous nous étions donnés rendez-vous pour la pause méridienne dans ma salle, dans le seul but de me faire lever le pied...Et ordonner à mes angoisses d'abandon de la mettre en veilleuse.

Je préparais la table ronde du fond de la salle, avec un fond musical...Quand je reconnus la voix familière de mon allié:

-"J'ai une de ces faims!! Je boufferais un écolier et son cartable!!"

Je pouffai gentiment, reconnaissant bien là sa signature:

-"Ca tombe mal, plus de marchandise depuis mercredi!! Il fallait en séquestrer deux, trois!!!"

-"Je me contenterai de ma gamelle alors! Je nous ai fait un dessert...Aux petits oignons!"

Je lui souriais avec tout mon cœur...Alors que les émotions me submergeaient déjà bien trop. Voyant que je perdais mes moyens, mon ami m'ébouriffa les cheveux avec une touche toujours aussi paternelle. Il commenta avec gentillesse et sentiments:

-"Si tu pleurs maintenant...Je ne sais pas, comment on sera tous les deux ce soir!! C'était tellement plaisant de bosser avec toi...Enfin...C'était même plus que ça!!"

Je tentai de masquer ma surréaction en me frictionnant les joues, mais aussi en jouant de mon humour:

-"Un rockeur...Ca ne pleure pas! Si tu te laisses aller, c'est un mythe qui va s'effondrer!!"

-"J'y peux rien...J'ai l'impression, qu'une de mes filles quitte le nid...Encore...La loose!"

-"Il y aura toujours une chambre, ou un vieux canap' pour ta carcasse!! Je ne veux pas vivre cette journée, comme une série d'adieux...Qui commencerait par les nôtres!!"

Se ravisant, mon père spirituel cligna de l'œil en ma direction...Puis, presque aussi gêné par l'ambiance pesante que moi, il ouvrit la fenêtre pour humer l'air d'été.

Je me postai à côté de lui, lui proposant mon paquet de cigarettes grand ouvert. Il réagit avec une quasi désinvolture, haussant les épaules comme j'en avais le tic:

-"Avoue, que tu l'as déjà fait?? Trop la flemme de bouger, ou seulement pas l'envie de croiser du monde?!"

J'acquiesçai, trouvant la transgression minime:

-"C'est juste, que je trouve ce moment parfait! Deux amis...Du soleil...On dira, que ça apporte la touche en plus...Même si je reste sauvage, avec les autres!"

-"Et on sait tous les deux...Qu'on est bien mieux que les autres au final!!"

-"Pas besoin de quantité, quand on a déjà le haut du panier niveau qualité!!"

Nous partageâmes des rires, retrouvant une légèreté relative. Malgré tout, notre déclaration mutuelle amicale fut de courte durée.

En effet, Jamila eut l'idée de vite nous rejoindre...Les bras chargés de plats. Elle apporta des précisions sur ce fait dans la foulée:

-"Hello les loulous!! Je cuisine depuis ce matin...Pour ce soir...Et j'ai pas mal de loupés!! Vous savez, que je n'aime pas gâcher!! Hein!?"

David se frottait déjà le ventre, alors que le regard de mon amie devenait bizarrement insistant. Je détaillai le monticule de petits fours et autres mets...Sans vraiment penser qu'il y avait une raison à son comportement.

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant