Une fille bien

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Le temps avait défilé...Entre cartons à emballer et déballer. Les moments de vie plus insignifiants les uns que les autres avaient réorganisé mon quotidien, sans que je n'ai vraiment à m'en plaindre.

Pour ainsi dire, j'avais su mettre à profit le calme plat des premières semaines dans notre nouvelle maison. Arthur occupait l'espace avec bonne humeur et moultes projets depuis le début de ses vacances...Avec mes nouvelles résolutions, je le laissais faire.

Il avait réellement bien choisi notre "nouveau petit nid", comme l'avait qualifié Laurie dès son premier pas sur la terrasse exposée aux embruns marins. De cette dernière, je pouvais tous les matins écouter les remous des vagues accompagnés par le bruits des oiseaux typiques de la mer du nord.

Dans un premier temps, cela m'avait apaisé, mais les visites des amis et de la famille s'estompant...Je retrouvai bien vite mes routines, aussi étouffantes qu'autrefois. Tout me manquait, et je me sentais si souvent perdue...Pas vraiment à ma place. 

Je m'activai à ma rééducation, comme pour me persuader encore et toujours des bienfaits de ma décision d'avoir suivi mon compagnon jusqu'ici. Les cinq cent mètres m'amenant à la plage furent pénibles puis devinrent un véritable rituel avec ma fidèle Mia, qui semblait apprécier sa nouvelle maison mais aussi la faune alentour.

Je me trouvai vite un médecin pour prendre le relai du mien, mais aussi une kinésithérapeute pour mes soins que je ne tardai pas à rencontrer. 

Après avoir passé en revue tous les paramètres médicaux, nous avions vite échangé des banalités d'usage...Survolé mutuellement nos vies, pour mieux faire connaissance. Le courant passait bien...Et je me sentis d'emblée en confiance. Le climat léger de nos entrevues me faisait me sentir à nouveau "normale", capable d'humour et de second degré...Alors que j'avais passé ces derniers mois à me morfondre.

En réaction à mes premières séances, mais aussi à ma bonne humeur à mon retour... J'eus le droit à un interrogatoire poussé d'Arthur sur sa façon d'être avec moi. D'ailleurs il insista lourdement plusieurs fois sur la proximité que l'on pouvait avoir,  selon ses dires "dans le seul but de se rassurer sur la qualité des soins" et ma récupération optimale.

Ses propos souvent dénués de chaleur, me remettaient à ma place...Mais avaient le don de me faire sentir tel un poids. Il parlait d'optimisation, presque comme un retour sur investissement...Comme si je pouvais effacer mes séquelles, par la seule force de mon esprit...De ma volonté. Je me sentais d'autant plus responsable, de ma chute...De mes douleurs encore présentes...Mais avant tout responsable de tous les changements, que nous avions dû opérer dans notre vie.

Je sus reconnaitre d'emblée les traces de mes ratés, sur celui qui s'était montré si fort ces derniers mois...Pour nous deux...Alors qu'au fond, il était tout aussi fragile. Je connaissais si bien la peur viscérale qui pouvait l'habiter encore maintenant, que je ne répondais pas directement...Frontalement, comme j'aurais pu le faire avant tout ça. 

Je m'essayais de plus en plus à l'empathie, et passais sous silence mon agacement face à ses demandes perpétuelles de réassurance. Pour autant, mes vieilles habitudes revinrent au galop...Quand il me questionna une fois de trop, à peine revenue d'une séance plutôt douloureuse:

-"Tout se passe bien?? Tu étais super longue!! Vu comment tu marches... Je commence à douter, de l'efficacité de tes deux rendez vous par semaine!!"

Sans plus d'analyse, je ne commentai pas... Préférant rester pragmatique:

-"J'y vais autant qu'avant...Voir moins en fait! Ce ne sont pas les mêmes méthodes, c'est tout."

La neutralité sur mon visage, eut pour conséquence une réponse résonnante d'angoisse:

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant