Coup de sang au réfectoire

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A peine la porte du collège passée...J'avais missionné David, pour qu'il négocie la clé de l'ascenseur auprès du concierge. Son sourire et sa bonhomie avaient eu raison de cet homme plutôt aigri d'habitude, sans même que je ne montre un seul certificat médical.

Mon ami s'était proposé tout de suite pour monter mes élèves à l'étage, alors que je rejoignais ma salle. J'ouvrais la porte avec fébrilité et impatience, alors que j'entendais déjà la voix de mon supérieur à travers le couloir. 

Ce dernier vint vite à ma rencontre, m'offrant une mine amicale et une accolade fédératrice:

-"Caroline Roussel...Le retour!! C'est presque bizarre de te voir ici, je t'avoue que je ne pensais pas que tu pourrais revenir."

Je maintenais le cap, me demandant tout de même s'il était réellement heureux de me voir. Je fixai un air neutre sur mes traits, préférant me concentrer sur la serrure:

-"Certains qualifieront ça de miracle, et de bonne nouvelle...D'autres me détesteront encore plus! Qu'est ce que tu veux, l'homme est un animal grégaire qui suit la tournure du vent."

Tahar attrapa la clé dans ma main, me venant en aide sans que j'en fasse la demande:

-"Tu as rencontré le Dalaï Lama?! Tu es bien trop calme...Et tes mots me font dire qu'on t'a transformé!!"

Je continuai sur le même ton, m'étonnant toutefois que mon état psychologique l'intéresse vraiment:

-"Rester bloquée dans un lit des mois entiers, il faut croire que ça m'a appris la patience...Mais aussi le fait, que le monde continue à tourner avec ou sans moi...Les énervés du bocal seront toujours les mêmes...Tout ce que j'espère, c'est que mes amis sont restés."

-"T'inquiète, l'équipe de la section est dans le même état que moi...Heureuse de te revoir, et aussi contente pour les élèves. C'est le début de la préparation au brevet, et je t'avoue que David et Jamila ont cumulé les heures et les niveaux pour te remplacer."

J'acquiesçai de la tête, invitée à me focaliser sur les attendus institutionnels. Je commentai avec intérêt, et compatissais aux difficultés qu'ils avaient dû tous traverser à cause de moi:

-"Je tiendrai le coup, et je mettrai toute mon énergie pour que les mômes soient en réussite!"

-"Je le sais Caroline...Après, il y a un projet "salon du livre" pour les sixièmes...Du coup, synthèse obligatoire avec l'équipe de lettres ce midi. Si tu n'as pas prévu de repas, je te ferai monter un plateau de la cantine. La prof...Tu sais, la seule qui fait lettres classiques... Latin...Elle a eu des idées de marques pages et de calendriers, mais les échéances sont serrées!"

Je pestai sans grand enthousiasme:

-"Jessica...Membre indispensable de ce bahut...Avec ses excellentes idées, validées directement par le rectorat!! Super!!"

Mon chef préféra éviter le débat, mais continua sur sa lancée:

-"Madame Duchêne a pris pas mal de tes élèves...Tous en fait...Le temps que tu sois parmi nous. Il faudra essayer de travailler en bonne intelligence, et la soulager de quelques unes de ses copies. Tu verras avec elle, ou je centralise?"

Je n'en revenais pas de ce qu'il sous-entendait...Pensant sûrement que nous nous étions quittées en mauvais termes. Je répondis à ses insinuations avec plus de dynamisme...Presque sur le fil:

-"Ca roule...Amélie et moi, nous sommes professionnelles! J'irais la remercier, et les connections se font encore...Euh...Mes neurones sont au taquet tu sais!! Ne t'occupe de rien...Je ferais ce qu'il faut!!"

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant