Tout ce que je te promets

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Les heures avaient passé...

Les opiacés jouèrent leur rôle tellement bien, que l'arrivée d'Arthur dans ma chambre ne m'avait même pas réveillée. 

J'émergeai titillée par le retour de la douleur, entrouvrant les paupières par intermittence avant de vraiment me rendre compte de sa présence. En un mouvement rapide, il arriva à mon chevet...Le visage terriblement soucieux.

Mon compagnon avait toujours été d'un naturel jovial et enjoué, et ses traits affectés me transpercèrent le cœur en une respiration. Il vint cependant m'embrasser le front, pour glisser vers mon oreille et y murmurer un "je t'aime" plein d'émotion...Comme pour me rassurer, sans que je n'ai à en faire la demande.

D'emblée, je ressentis un malaise...Et le retour de ma mauvaise conscience. J'avais encore fait des miennes, n'ayant aucunement calculé le danger qui avait provoqué ma chute. Pour autant, Arthur était là, comme toujours, réparant mes erreurs...Recollant les morceaux, en commençant par mon cœur. 

Je tentai de lui prendre la main, qu'il avait appuyé sur le matelas. Cependant, mes articulations cotonneuses ne me permirent que de l'effleurer. Sa voix fatiguée répondit à ma tentative avortée:

-"Il faut que tu t'économises, pour guérir plus vite...Ma petite tortue."

L'optimisme de celui avec qui je partageais ma vie sonnait faux, mais toujours groggy...Je m'en accommodai, sans même penser à le contredire. Sa main émue arriva sur ma joue, m'apportant de la douceur et le sentiment d'être un peu chez moi...Rien que pour un infime instant:

-"J'ai eu tellement peur! Si tu savais..."

Une larme roulant sur ma joue stoppa le cheminement de pensée d'Arthur, qui bifurqua sur un autre sujet sans pour autant me quitter du regard:

-"Le service a l'air bien...Et le médecin qui s'occupe de toi...Euh...Même s'il a un nom imprononçable...Il m'a fait bonne impression! C'est plutôt rassurant, non?!"

La pirouette pour ne pas accentuer ma peine n'eut pas le don de me rendre loquasse. Son monologue reprit de plus belle, pour cacher notre angoisse commune:

-"Alors, il m'a bien expliqué...Au téléphone tout à l'heure...Quand ça ira un peu mieux, il faudra qu'on choisisse un centre de rééducation...On s'en fout des kilomètres...On prendra le meilleur! Et quand tu rentreras à la maison, je demanderai à ce qu'on adapte mon emploi du temps...Ca ira...Ca ira..."

Je pouvais sentir le désespoir dans sa voix, miroir de ses pupilles déjà larmoyantes. Je regroupai mes forces...Ne pouvant pas supporter, qu'il nous berce d'illusion et qu'il planifie ma pseudo guérison:

-"Arthur...Euh...Stop...Par pitié."

-"Il faut..."

J'agrippai le drap, haussant le ton dans une expiration:

-"Arrête! Rien n'ira! Putain...L'hosto bordel!! L'hosto!!"

-"Il faut tenir le coup, on est bien plus forts que ça...Non?!?"

-"On...Je...J'en peux plus..." 

-"Des chutes...Des accidents de parcours...Il y en a eu...Mais tout ira bien, je te le promets!"

Un raclement de gorge mit fin aux déclarations pleines de bons sentiments d'Arthur. Il se redressa, s'adressant maladroitement au nouvel arrivant dans la chambre:

-"Bonjour Docteur Luz...Euh...Luzg..."

-"Juste Wolfgang...Bonjour, heureux de pouvoir m'entretenir avec vous de vive voix!"

-"Merci pour le temps que vous m'avez accordé...Et aussi de m'avoir appelé."

-"C'est normal...Tout c'est arrangé de votre côté?"

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant