Quand nos yeux ont compris

Julian

J'étais rentrée chez moi le sourire aux lèvres, retrouvant Arthur qui avait fini tôt. Je ne tardais pas à lui faire une réflexion, comme j'en avais l'habitude:

-"Tu ne vas pas encore être débordé cette année, à ce que je vois!"

Il ne mordit pas à l'hameçon, et préféra me questionner:

-"Je profite juste d'un sursis de vacances...Et toi? Ta journée??"

-"Ouais...Quelques collègues sympas...D'autres...Ont un potentiel de looser...Et le QI d'un bulot!!"

-"Qu'est ce qui s'est encore passé, pour que tes conclusions soient telles??"

Je détestai ce genre de tournure de phrase alambiquée, revenant de ce fait à la charge:

-"Toi aussi, tu t'écoutes le bulbe? Tu peux te la jouer "tranquille" à la maison, tu sais..."

-"Bref...Tu t'es pris la tête avec qui!?"

-"Un prof d'atelier...Il pense que la place des gonzesses est à la cuisine...Avec une tripotée de mouflets...Et un bon petit mari...Putain, il m'a grave foutu le stress!"

-"Et du coup...Tu lui es rentré dedans...Comme à chaque fois, que quelqu'un n'a pas la même vision de la vie que toi!" 

-"J'ai fait le job...Point!"

-"Il a eu le droit à la même provoc'...Que d'habitude...Je suppose!?"

-"J'aurai pu être plus trash...Crois-moi!"

Je me pris son ressenti en pleine figure, mais malgré tout...Ses yeux disaient tout autre chose:

-"La même soupe...Que tu sers en boucle...A tout le monde!"

Je coupais ses propos, sentant que j'allais m'emporter:

-"On se frite maintenant...Ou on attend d'être encore un peu plus énervés? Hein?"

-"Tu me gonfles Caro! Tu ne peux pas faire profil bas...Rien qu'une fois!!"

-"Je suis comme je suis...Si tu veux me changer...Tu connais la musique!"

-"Ouais...Je me casse...Et vais chercher une pouf ailleurs...Je connais le refrain par cœur!"

-"Je crois que, ça a toujours été clair entre nous...Ne me demande pas d'être une autre, je n'y arriverai pas!"

Mon compagnon de vie était d'un naturel calme et rassurant, et je ne lui avais jamais rien caché de mon passé. Pour autant, il essayait parfois de rationaliser...De faire comme si, tout était d'une simplicité sans nom:

-"Et tu comptes faire quoi...Ce soir, je veux dire? Tu veux qu'on aille se balader...Tu aimes aller dans les jardins...On peut pique-niquer!?"

-" J'ai pas envie...J'avais prévu d'aller voir Ju...Chris est au Canada...Tu te souviens?!"

-"Je suppose, que tu n'avais pas prévu d'y aller avec moi!?"

-"Ju et moi...C'est depuis toujours...Je pensais même dormir là-bas. Après, si tu veux m'accompagner...Je l'appelle!"

-"Laisse tomber, de toute façon...J'ai des trucs à préparer pour mes terminales...Et, je n'avais pas vraiment l'intention de me foutre une mine ce soir!"

-"Moi non plus, en vrai...Et, il travaille demain, aussi!"

J'eus le droit à un regard étonné, et à un sourie perplexe:

-"Ouais...C'est vrai, que dans son usine de picolos...Ils arrivent tous sobres, dès quatre heure du mat'!"

-"Je n'ai pas envie, de donner une sale image de moi...Nouveau job...Nouvelle vie!"