Le temps de faire la route

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Plusieurs jours étaient passés...

Je n'avais eu aucune nouvelle d'Amélie, ou même de David. Dans le fond, je ne savais pas trop si j'aurais été en mesure de soutenir une nouvelle conversation avec l'un ou l'autre...

En effet les sollicitations de mon ami, mais surtout les mots de mon amour passé avaient eu sur moi diverses conséquences. Je m'étais enfermée dans un mutisme, que je ne pouvais moi même expliquer...Laissant Julian bien mal à l'aise durant sa dernière visite, qu'il avait de ce fait écourté tout en me promettant de revenir avant midi le lendemain.

Arthur avait lui aussi fait les frais de mon silence. Depuis mon accident, il se montrait encore plus doux et compréhensif...Il n'avait pas relevé, mettant en cause les médicaments pour justifier mon comportement.

J'étais submergée...Incapable d'analyser ce qui me traversait. Dire que j'étais sidérée par la situation, n'était pas vraiment juste. Pour vrai, je n'avais envie de rien à par dormir...Dormir encore et encore...Et surtout éviter tout contact humain.

Je me réfugiai dans mes songes...Fermant volontairement les yeux, pour pouvoir revivre un peu plus intensément mes souvenirs. J'imaginai des histoires alternatives...Où Amélie et moi vivions notre amour avec bonheur et engagement...Où je lui disais des "je t'aime" devant le monde entier, et où elle n'avait plus peur de me tenir la main, même à l'arrivée au travail.

Même si mon âme toute entière savait la vérité, je me murais dans de belles illusions...Celles que je m'inventais, pour surmonter la perte de ma belle à qui je ne voulais absolument pas dire adieux.

Je ne vis pas passer ma soirée...Les heures défilant jusqu'au lendemain, sans que je n'y porte attention.

Arthur me réveilla d'un tendre baiser sur le front, avant de m'aider à me mettre en position assise. Il me tendit une tasse de café, un sourire aux lèvres. Je le dévisageai, sans pour autant vocaliser. Il me posa doucement la main sur la cuisse, pour ensuite laisser parler son enthousiasme:

-"J'ai tellement hâte d'être à demain!!"

Je ne réagis pas...Cherchant réponse dans ses yeux, toujours aussi bleus. Je fus d'emblée prise d'un pincement au cœur, détaillant ses iris clairs où j'aimais me noyer avant...Avant tout ça...

Je sursautai, à la suite de son discours:

-"Demain...Tu as oublié?? On a rendez-vous...Si tout est bon, tu pourras enfin enlever ton corset!"

Le temps n'ayant plus le même impact sur moi, que sur le monde qui m'entourait...Je ne relevai pas. Mon compagnon lâcha ce qu'il avait dans le cœur, sans penser à mal:

-"Je suis certain que Wolfgang va t'autoriser à remarcher!!"

Ma réponse ne prit aucune forme pour l'épargner, mon ton se faisant des plus durs:

-"Comme si, je n'attendais que son autorisation pour aller mieux!! Tu te payes ma gueule?? C'est vrai qu'il a bien dit, qu'après je serai réparée à neuf!!"

-"Caro..."

-"Quoi?! Il va falloir que tu arrêtes de te bercer d'illusions!!"

Je marquai un silence, prenant conscience de mes mots paradoxaux...Comme du monde que je me construisais peu à peu. 

Arthur voulait m'aider et me portait à bout de bras depuis des semaines, alors que je cherchais le salut de mon âme dans les opiacés et la rêverie. Je me repris, tendis que la peine pouvait se lire dans ses pupilles:

-"Désolée...C'est qu'à force...J'ai l'impression, que tout ce qui me fige...Euh...Ca ne pourra plus changer."

Encore une fois, sa réponse fut sincère et rassurante:

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant