Quand nos yeux ont compris

Rattraper ou tirer un trait ?

Je n'eus plus aucune conscience du temps... Jusqu'à ce qu'un coup dynamique me sorte de mon désespoir. Malgré mon manque de réponse, David pointa le bout de son nez...Sans vraiment souhaiter déranger.

Mon ami arriva à mes côtes, s'asseyant contre le mur, sans que je n'ai à bouger d'un millimètre, ou même une moindre émotion. J'étais prostrée... incapable de sortir de mes maux, qui étaient devenus aussi bien corporels que psychiques.

Un raclement de gorge rempli de malaise, précéda la prise de parole de mon allié toujours à l' écoute :

-"Tu es comme ça depuis combien de temps??"

Un bruit quelconque sortit de ma bouche, alors qu'il continuait à me questionner :

-"Ne te rends pas malade, pour cette histoire de théâtre...Jess et Amélie, c'est une guerre froide depuis tellement longtemps, que tu n'es pas responsable !"

-"Je m'en balance des projets, et de leur guéguerre à la con...Si tu savais, ce que ça me fait !!"

J'avais levé la tête, ce qui donna l'occasion à David de bien me détailler :

-"Pourquoi t'es en mode fin du monde alors?!"

-"Si on te demande..."

-"Je sais... Je ne répondrai rien! Comme d'hab, tu m'envoies chier avec un minimum de politesse...Pfff ..."

Je ne relevai pas, ce qui agaça mon ami :

-"Si tu ne me dis pas...Je demande à ta chérie, et on en parle plus !"

Je frissonnai de peine, sous le poids de ses mots. Je pris le temps de souffler plusieurs fois, comme pour me donner du courage... Relatant les faits traumatiques de midi :

-" Elle m'a largué...Il n'y aura jamais de chérie... Jamais de nous!!"

-"Putain...La garce!!!"

L'essai de soutien de David n'eut pas la réaction espérée...Je n'avais pas envie de laisser la rage me guider, et voulais juste avoir mal en silence:

-"La douleur...C'est le seul truc, qui me dit que c'était bien réel. Je ne sais même pas, comment elle en est arrivée à me dire...Euh..."

-"Vas-y...Raconte...Ça te fera plus de bien, que de tout garder à l'intérieur."

Pour une fois, je suivais son conseil sans résistance, la voix ensevelie sous mes larmes:

-"A cause de moi, elle ne se projette pas...Elle a peur de finir toute seule...De se réveiller un matin, sans avoir quelque chose de solide...Quelqu'un qui l'aime à ses côtés !"

-" Ben merde!! Elle est grave, si elle ne se rend pas compte de comment elle te chamboule...Si c'est pas de l'amour ça !"

-"Ça ne doit pas être suffisant...Je n'ai jamais aimé comme ça! Je suis vraiment inadaptée...Y'a quelque chose qui cloche chez moi!!"

-"N'importe quoi!! Moi je suis "inadapté", comme tu dis...Toi, tu te laisses porter par tes sentiments...Tu défends tes convictions, et les droits des autres...Sans jamais t'éviter les retombées."

-"Ça on s'en fout! Je ne suis pas quelqu'un de bien...Pas assez bien, pour qu'on veuille aller plus loin que le cul avec moi!"

-"Arrête..."

-"Je suis celle qu'on baise...Mais, pas celle qu'on aime!!"

Porté pas ma réflexion, mon ami me dévisagea avant de me faire part d'une énième analyse de la situation :

-"C'est vraiment ça, que tu penses?? Pourtant, chez toi ça transpire l'amour... L'admiration je dirais même ! Tu n'as pas l'impression, qu'il te regarde autrement Arthur??"