La peur n'évite pas le danger

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J'étais rentrée chez moi...Encore un peu chamboulée...

Rien que d'envisager la réunion d'Arthur et d'Amélie lors de la soirée à venir, me donnait des palpitations. J'avais réussi à faire bonne figure devant mon père durant la route, mais me sentais submergée par l'angoisse.

En bonne dépendante affective, mon besoin de réassurance orienta directement mes actions vers le téléphone. Je composai à l'aveugle le numéro du domicile de Julian, trop agitée psychiquement pour ne pas faire les cent pas.

Après quelques tonalités, je coupai mon interlocuteur à peine son premier souffle terminé:

-"Poussin...Il faut absolument que je te raconte, je suis trop paniquée!!"

Pour toute réponse, j'eus droit à un soupire:

-"Quand est-ce que tu te mettras dans la tête, que ton meilleur ami a un travail??"

Un peu piquée au vif, je montrai le même engouement que Chris:

-"Apparemment...Ce n'est toujours pas ton cas!!"

-"Je révise...Si je te dis, que tu me sauves la vie...L'économie et moi, ça fait vraiment deux!!"

-"Moi aussi, j'ai besoin qu'on me sauve la vie!!"

-"Et tu comptais sur Ju, pour jouer le super héros...Comme à chaque fois?!"

Je savais que mon ami connaissait mes histoires de vie par cœur, mais fus peinée qu'il me renvoie mes vieux dossiers en plein visage. Je me raclai la gorge, demandant à mes larmes de ne pas monter jusqu'à mes yeux:

-"Je ne me sens pas très bien...Je n'ai pas la force, pour nos échanges musclés...Pas aujourd'hui!"

En réaction à mon ton fermé, Chris se montra beaucoup plus à l'écoute:

-"Mes vieux reflexes...Pfff...Ma jalousie à la con a encore pris le dessus! Désolé ma biche...Je suis tout à toi!!"

Peu franche...Je posai le contexte, en question détournée:

-"Comment tu ferais, si tu étais invité à une soirée...Avec un plus un, qui est sensé être ton mec...Mais que tu sais déjà, qu'il y aura ton "ex"?!"

-"Ben ça dépend, si mon mec sait que c'est mon ex!!"

-"Putain...Tu aimes me torturer! Situation pourrie...Ca fait chier!"

-"Ouais je sais, Ju m'a raconté. Je pensais te voir squatter notre canapé, en mode fin du monde...Mon pote a passé l'éponge??"

Malgré tout ce que mon ami avait pu rencontrer comme difficultés dans sa propre vie, il paraissait toujours dans le jugement...Comme si se mettre avec Julian, avait effacé l'ardoise de ses mauvais choix. Il me voyait encore une fois comme une gamine écoutée, à qui on passe un caprice pour avoir la paix.

Je n'étais plus en mesure de supporter des reproches...Pas maintenant:

-"Si tu ne veux pas, que je sorte les crocs...Et puis merde, je n'ai pas besoin de tes conseils!!"

Je raccrochai, des larmes de rage sur les joues. Je me mis en tête de m'occuper, afin de faire diversion à mes angoisses et mon agitation psychique. 

Je m'attaquai à la vaisselle laissée dans l'évier, frottant aussi fort que je pouvais, comme si les taches étaient une métaphore de mon désespoir intérieur. L'eau brulante coulait sur ma peau, me faisant à peine broncher tant les ruminations avait pris possession de moi...Le temps continuant sans que j'en ai conscience.

Je revivais mes souvenirs, les uns après les autres...Ceux avec Amélie, mais aussi les autres...Les disputes...Mes aveux...Et l'ultimatum de déménagement posé par Arthur. Pour autant, ce dernier me semblait tellement abstrait, que l'échéance ne m'était pas encore apparue comme une évidence. 

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant