Nicotine et nouvelle ambivalence

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Depuis mon retour à la maison...J'avais dû composer avec l'enthousiasme débordant d'Arthur, et mes angoisses dissonantes. Je commençais à baliser, mais avais opté pour une nouvelle tactique. 

En effet, je m'étais résolue au silence...Ajustant le masque de la neutralité sur mon visage, dans le seul but de ne pas lui exposer ma panique intérieure. 

Mon compagnon n'avait rien vu, ni l'agitation qui grondait en moi, ni la peur qui paralysait mon cerveau. Mes nuits s'étaient transformées en insomnies, et les ruminations qui m'avaient abandonné étaient revenues au grand galop.

Le lundi matin était vite arrivé, et je m'étais levée aux aurores sans me donner de mal. Mon père devait venir me prendre pour m'accompagner au travail, alors que mon retour était déjà prévu avec David. Mon ami s'était d'ailleurs déjà invité à diner, ne sachant pas vraiment s'il rentrerait chez lui par la suite.

Arthur se montrait distant, et s'était recouvert jusqu'aux oreilles afin de finir sa nuit. Je me dirigeai au radar vers la salle de bain, retrouvant mon reflet dans le miroir. Je ne trouvais rien de flatteur dans ma nouvelle apparence, et me demandais déjà quelles horreurs on allait pouvoir me cracher au visage une fois la porte du collège passée.

Je retrouvai vite mes routines d'avant...D'avant la descente vers la version amoindrie de moi même.

 J'avais pris quelques kilos, et les traitements rendaient mon teint jaunâtre. L'acné s'était aussi invitée à la fête, me rendant plus proche d'une adolescente en mutation que de la fille attrayante qu'on aimait regarder.

La douche fut salvatrice, et détourna mon attention pour quelques minutes. Je ne me voyais pas jouer un rôle, et m'orientai mécaniquement vers une pile de linge à la sortie de cette dernière. Je portai mon dévolu sur un polo noir, et un jean élimé. 

Mes cheveux avaient poussé, et je peinai à les dompter. Je me retrouvai donc avec un genre de coiffure improbable, digne d'un lendemain de soirée bien arrosée.

 J'étais sur le point de m'attaquer à mon visage, pour essayer de camoufler ce qui pouvait encore l'être, quand Arthur me fit sursauter:

-"Tu comptes aller au boulot comme ça??"

Je fus prise d'une contracture douloureuse, pestant entre mes dents:

-"Soit tu veux que j'ai une attaque, soit que je me tape encore trois mois allongée!! Qu'est ce que tu as encore à redire?! Hein?"

-"Avec le raffut que tu fais, tu crois vraiment que je pouvais continuer à dormir? Et franchement, on dirait que tu sors d'un bad trip...Tu pourrais t'arranger, surtout qu'il te reste plus d'une heure avant que ton père passe te prendre!" 

Je haussai les épaules, continuant mes occupations...Alors qu'il se posta derrière moi. Je détaillai ses mouvements, étonnée qu'il attrape une brosse sur le rebord du lavabo. 

Je restai silencieuse, bien que toujours tendue. Mon compagnon commença à me démêler les cheveux...Concentré comme jamais. Je commentai, avec un ton monocorde:

-"Donc tu veux que je ressemble à une poupée Barbie? Tu veux peut-être me ravaler la façade aussi?"

J'eus droit à un regard qui en disait long:

-"Je sais que tu n'arrives pas à lever les bras plus haut que les épaules, et je ne veux pas que tu sois la risée au boulot! Je vais faire au mieux, et au pire je t'amènerai chez le coiffeur dans les jours à venir." 

Je n'avais pas vraiment de raison de m'énerver, mais mon égo avait été touché dans ses fondements:

-"Sympa de vouloir me sortir, mais tant que je ne peux pas y aller toute seule, je m'abstiendrai...Et de toute façon, je me trouve bien comme ça!"

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant