Ce que je savais...Suffisait

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J'avais bifurqué vers la passerelle...N'ayant plus aucun besoin de cacher les tensions internes qui m'oppressaient.

Amélie m'avait suivi en silence, même si ses yeux luisaient d'inquiétude.

Une fois dehors, je me mis à chercher mécaniquement mon paquet de cigarettes dans ma poche...Retrouvant une nouvelle fois le chemin de mes addictions bien ancrées. 

Après deux bouffées de nicotine, j'en vins aux faits sans attendre:

-"Tu comptais me le dire quand?"

-"Je ne sais pas."

-"Et tu es au courant depuis quand?"

-"Un mois...A quelques jours près. Je ne savais pas vraiment si...Euh...Si mes projets de vie t'intéressaient encore!"

Je m'avouai vaincue, trop consciente de l'avoir mise de côté volontairement:

-"Un point pour toi!"

-"Et??"

Je ne comprenais pas sa question, cherchant dans ses pupilles des réponses. J'eus droit à un sourire discret:

-"Ca faisait un sacré moment, que tu ne m'avais pas regardé pour de vrai."

-"Excuse moi, de trouver nos rapports encore difficiles...Je travaille sur moi pourtant."

-"Et maintenant...Je ne doute plus."

-"De quoi tu parles?! J'ai l'impression d'être face à une énigme...Que tu veux m'obliger à résoudre! Ca va me rendre cinglée...Je t'assure!!"

Un nouveau sourire plus franc me  caressa le cœur:

-"Maintenant, je sais que je compte encore pour toi. En un instant, je n'ai plus vu ta colère...Ou ton indifférence! Je savais bien, que ce n'était qu'un masque...Ce manque d'expression!"

-"Tu veux me marquer des points? Me faire pleurer peut-être?!"

Sa main, approcha de mon visage...Me forçant à esquiver le contact, avec une certaine douleur à l'âme:

-"Je ne peux pas...Je ne dois plus faire ça...Je suis désolée."

-"C'est de ma faute! Je devrais savoir faire la part des choses, entre mon besoin d'être près de toi...Et...Euh..."

-"La distance nécessaire, pour qu'on puisse se reconstruire l'une sans l'autre."

-"Je n'ai pas demandé ma mutation, pour mettre une distance entre nous. Ca fait sept ans, que je veux me rapprocher de chez moi...Arrêter de me taper une heure de route, et pouvoir m'occuper un peu plus de ma mère."

Je fixai la rembarde, sachant très bien qu'elle disait vrai:

-"J'avais oublié...Je n'ai pas la prétention de te faire rester."

-"Ce n'est pas le bout du monde."

Je remettais notre futur dans le contexte, ne pouvant faire autrement que de me sentir affectée par notre réalité:

-"Tu as bien conscience, que nous nous verrons moins...Voir plus du tout...Si...Euh..."

-"Si on ne se croise plus au travail?!"

-"Ben...Tu seras galvanisée par ton nouveau poste. Et, ça sera quoi nos arguments...Euh...Pour trouver du temps pour nous voir??"

-"Tu veux que je te réponde quoi?!"

Devant cette répartie plus que brute, je montai le ton:

-"Ce que tu penses...Vraiment au fond!! Pas un truc bateau...Une putain de phrase préconçue, juste pour me faire plaisir et limiter les dégâts."

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant