Clouée au sol

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J'avais fini ma journée quasi en apnée...

David et moi avions évité les sujets lourds, et j'avais préféré raser les murs pour ne croiser personne. 

Mon trajet de retour ne fut pas assez long à mon goût, me faisant retrouver mon chez moi sans que je ne me rende vraiment compte. Une oppression dans ma poitrine, me donnant des nausées m'amena à prendre de grandes respirations avant de passer la porte de la maison.

Par chance, je me retrouvai toute seule...Arthur devant jouer les prolongations au travail. Après avoir jeté mes affaires dans le canapé, je me dirigeai tel un zombie vers le frigo pour en sortir une bière. Je l'avalai d'un trait, pour en reprendre une autre. Je retrouvai le chemin de la perdition, sans me forcer...Attaquant un nouveau paquet de cigarettes pour accompagner mon agitation cérébrale.

Je me calai dans un siège sur la terrasse, laissant Mia me lécher les mains et me montrer son énergie débordante et sa joie de me retrouver. Mon regard divaguait dans l'horizon, se figeant à la vue du barbecue de samedi pas encore vidé de ses cendres.

Le souvenir de la soirée avec Amélie, mais surtout des mots chargés de passion et de promesses m'arracha le cœur en une fraction de seconde. Je me mis, sans plus rien comprendre à sangloter comme une enfant inconsolable...Reniflant de plus en plus fort, jusqu'à ce que ma tête résonne.

Mes yeux brulaient depuis longtemps, rougis pas mes pleurs incessants...Quand le grincement de la porte me fit sursauter. 

Arthur m'interpelait déjà dynamiquement, ce qui ne me laissa pas d'échappatoire. Ma mine déconfite ne put être dissimulée, malgré mon sourire plaqué. J'eus le droit à une moue inquiète, pour finir par une foule de questions:

-"Qu'est ce qu'il y a?? Tu as la tête des mauvais jours...Il est arrivé quelque chose de grave?! Tes parents? Le boulot??"

Mon mutisme ne fut pas au goût de mon compagnon, qui vint me remuer sans ménagement. Il me secoua en m'agrippant le bras, et ça plusieurs fois. Je le regardai, sans pouvoir trouver mes mots. Il observa mon environnement, reprenant avec une once d'agacement:

-"Tu tapes à la bière?! Il n'est même pas 18 heures!! Vu ce que tu nous coûtes en tabac...Tu n'en as pas mare, de soigner tes frustrations avec toute cette merde??"

Son constat et toute cette amertume engendrèrent une nouvelle salve de hauts le cœur. Je me laissai tomber sur les genoux, vomissant de contrariété le contenu de mon estomac dans la pelouse.

La voix d'Arthur oscilla vers l'inquiétude:

-"Caro...Dis moi ce qui se passe!! Tu commences à me faire flipper!!"

Je tentai d'alléger la réalité, sans pour autant mentir:

-"J'ai eu une journée merdique! Les meufs qui bossent avec moi...Elles sont allées trop loin...Je n'ai pas supporté!" 

-"Ben merde! Pourquoi tu te fous dans un état pareil!?! Je croyais, que t'en avais rien à faire des critiques?! Quand je vois d'où ça vient...Amélie m'a raconté, tu ne devrais pas les écouter, et encore moins t'en rendre malade!!"

Le fait qu'il s'appuie sur les dires de celle qui m'avait le plus blessée, me désarçonna encore plus. Mon intonation devint tranchante:

-"Tout ce qu'elle dit...Il ne faut pas le prendre pour argent comptant!!"

-"Tu vas me sauter à la gorge?! Elle aussi, tu t'es pris la gueule avec??"

-"Si on te demande..."

-"Tu fais chier Caro!! Pour une fois, que quelqu'un d'à peu près posé...Euh..."

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant