Faut-il faire mal deux fois?

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J'avais subit ma journée de formation, plus absorbée dans mes pensées que réellement intéressée par les paroles de mes interlocuteurs. Je m'étais occupée à écrire sur mon cahier, comme à l'époque du lycée...M'étonnant moi même, des esquisses produites sur ses pages. Je n'avais qu'une seule chose à l'esprit...Amélie.

Je m'en voulais déjà d'être partie comme une voleuse, dévalant les escaliers de son immeuble quatre à quatre pour être sûre qu'elle ne me rattrape pas. Je savais au fond de moi, que j'avais fait l'inverse de ce que je désirais vraiment...

Pour autant, je me connaissais par cœur...Et n'aurais pas su faire la part des choses, si ses sublimes yeux s'étaient reposés sur moi à mon retour chez elle. J'aurais forcement voulu ses lèvres...Ses bras...Et même bien plus.

La fin de la journée sonna comme une délivrance à mes ruminations. L'un des formateurs me prit à part...Reformulant ce qu'il avait certainement dit précédemment:

-"Madame Roussel...C'est bon pour vous...Vendredi prochain?!"

Je devais avoir l'air ahurie, mais tentai de donner le change:

-"Vendredi?! Je n'ai rien de prévu...A part les cours!"

-"Je me disais bien, que vous n'étiez pas tout à fait avec nous aujourd'hui! Tout va bien? Une mauvaise nouvelle peut-être??"

Je bredouillai, n'ayant pas su mettre de côté ce qui m'animait:

-"Désolée...La fatigue surement...Et un petit déficit d'attention depuis toujours!"

-"Un cerveau qui mouline...Je connais ça! Je viendrai vous observer...Dans votre classe...Huit heure??"

-"Ok...Huit heure, avec mes sixièmes...Rimes...Nature...Et poésie au programme!"

-"Super...Je suis convaincu, que je vais me régaler!! A vendredi!!"

Je lui souriais, pas vraiment à l'aise...Avec cette échéance forcée. Toutefois, je n'avais pas le choix et fis bonne figure. Je le quittai, ne rajoutant rien à part un regard aimable.

Je regagnai ma voiture avec une énergie déconcertante, cependant je n'avais aucune envie de rentrer directement. Instinctivement, je sollicitai celui qui était devenu un véritable ami...N'ayant même plus besoin de chercher son contact dans mon téléphone:

-"Hey...David!! Rentré??"

-"Caro! Ben, je repars de chez JC...Pourquoi??"

-"Tu me payes un caf'??"

-"T'es pas chez ta poule?!"

-"Putain...V'là les vieux mots...Tu as du temps, ou je suis de trop??"

Mon ami avait dû ressentir une fêlure dans ma voix. Il marqua une pause, avant de verbaliser ses inquiétudes pour moi...Comme un père:

-"Ca sent le malaise...Pas de connerie, ni de risque, ok?! On se rejoint à la maison...J'y suis dans dix minutes max!"

-"T'inquiète...Entre le Rectorat et chez toi...Personne ne va me kidnapper!!"

-"Caroline...Je te connais...Tu n'as pas l'air bien..."

-"J'ai besoin de parler...Je ne veux pas m'imposer..."

-"Ma porte te sera toujours ouverte...Tu le sais bien!"

Je raccrochai, me mettant en route sans attendre. Pour une fois, aucune musique n'accompagna mon déplacement...Mon cerveau jouant déjà sa propre partition.

Une fois sur place...Je n'eus pas besoin de frapper à la porte restée ouverte. David fit retentir sa voix de la cuisine avec intensité:

-"Caro! Magne toi...Le café va refroidir!!"

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant