Positivisme et rappel à l'ordre

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A notre retour dans ma classe, David n'avait pas manqué de me passer un savon. La faute au retard sur le timing parfait entre café et dessert. 

Pour autant, son ton amer passa à l'inverse quand il s'aperçut de la rougeur de mes yeux. Il évita de commenter, tout comme Jamila. Je n'avais pas l'intention d'être plus loquasse que mes amis, mais sentais déjà ma gorge se nouer.

Amélie s'éclipsa à peine les tasses posées sur la table, évitant de se fait tout regard inquisiteur. Même si mon cœur se serrait, rien que de penser à ce qu'elle pouvait ressentir dans l'instant...Je ne la retins pas plus.

Kevin observait la scène sans pour autant s'arrêter de manger, et il était bien plus fin qu'il n'y paraissait. Il se permit une question, tout en gardant sa décontraction habituelle:

-"Je ne comprends pas tout...Mais, vous vous êtes disputées ou bien?!"

Je démentais dans la seconde, sans pour autant dissimuler mes fragilités:

-"Personne ne s'est disputé!! Je suis en PLS, rien que de savoir que c'est mon dernier jour ici. J'ai pleuré...Amélie a été...Euh...Réconfortante."

-"Humm...Elle est plutôt sympa en fait. Après...Je la trouve chelou, surtout quand tu es là!"

Ses constatations sonnaient vraies. Trop fatiguée, je n'étais plus en mesure de faire bonne figure:

-"On a une relation difficile à suivre...On se comprend, mais on se fragilise aussi."

Comme s'il prenait mes mots pour accord, mon collègue entreprit une analyse propre à lui même:

-"Je n'ai jamais voulu croire les rumeurs...Les trucs qu'on entend...Euh...Sur vos pseudos histoires de cul. Tout ce que je peux dire, à mon petit niveau...C'est que le jour, où une meuf me regardera comme ça...C'est que ça sera la bonne!!"

J'avalai ma salive bruyamment, oralisant avec difficultés certaines de mes anciennes croyances: 

-"J'y est cru...Truc de dingue!"

-"Et donc, tu es maquée avec elle? A moins que..."

Je le coupai, ressentant l'échec jusque dans mon ventre:

-"Option numéro deux. En tout cas, merci de ne pas t'être arrêté à ce qu'on raconte."

-"En ce qui me concerne, je trouve que l'amour...C'est bien trop lourd pour moi! Les histoires, ça va...Ca vient...Et j'aime comment tu clashes!!"

Je tentai de rester forte, même si mes jambes flageolaient à outrance:

-"Ouais...Enfin...Tout ça, ça m'épuise. Je ne suis plus la même...Maintenant, je passe plus de temps à chialer, qu'à me faire justice!"

-"Peut-être qu'un jour, j'aurai des couilles comme toi!!"

Je ne comprenais pas bien, réitérant mes changements de caps internes:

-"Je ne te souhaite pas, de te sentir au quatrième dessous...En mode, toujours un peu plus déprimé que la veille...C'est trop dur à gérer!"

-"Justement, savoir reconnaitre qu'on est mal...Dire qu'on pleure...Qu'on croit en des choses...Pour moi, c'est ça avoir des couilles!"

Je fus instantanément touchée, n'ayant jamais eu conscience de ce que je pouvais lui renvoyer. Pour Kevin, tout ce que je pensais être une faiblesse...Se démontrait être une force. Je lui adressai un sourire, qu'il me rendit avec sincérité dans la foulée.

Le repas terminé, et la table nettoyée...Nous prîmes congés les uns des autres, pour le reste de l'après midi. 

J'avais continué à faire des cartons, laissant le moins possible de traces de mon passage pour mon successeur. Tout était enfin en ordre, pour que je puisse me projeter ailleurs...  

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant