Les semaines avaient passées, sans que je ne puisse souffler.
La maison était devenue une vraie fourmilière. Julian, Laurie et mon père se relayaient sans fin et me stimulaient au possible pour que je sois active. Malgré tout, je n'avais pas vraiment l'impression de progresser...Certes j'avais retrouvé la marche, mais les douleurs chroniques qui diffusaient dans mon corps m'obligeaient à prendre le double de traitement.
Je me déplaçais donc comme un zombie, la tête embuée dans un brouillard tantôt doux tantôt amer. Ma concentration s'en était ressentie, et je n'étais plus capable de lire sans me reprendre sans arrêt, ne serait ce qu'à chaque paragraphe...Plus capable de suivre une conversation avec attention.
La journée, je dormais beaucoup trop, adoptant le rythme d'un animal nocturne. L'agitation prenait alors mes neurones en otage pendant de longues heures d'insomnie, m'obligeant à fixer mon regard vers un point ou un autre dans l'obscurité.
Les contacts étrangers à mon petit monde s'étaient d'eux mêmes estompés. David m'envoyait de nombreux messages, auxquels j'oubliais parfois de répondre. Tahar et Jamila utilisaient les mails, et me donnaient des nouvelles des élèves et de leurs projets.
En ce qui concernait Amélie...Elle était aux abonnés absents.
J'avais pris le parti de respecter son choix...Celui de la distance. Même si cela me brulait l'âme, je me fis violence pour ne pas l'appeler, ni lui envoyer un seul message.
Pour autant, elle ne me quittait jamais, occupant mes rêveries éveillées...Mais aussi mes cauchemars, ceux où elle me rejetait encore et encore...Ceux où elle niait m'avoir aimé. De multiples scénarios prenaient place dans ma tête, toujours catastrophiques au final.
La morosité faisait maintenant partie de mon quotidien, et mon sourire de façade la meilleure des dissimulations pour contenter Arthur et ainsi continuer l'illusion de mes efforts.
Je ne pouvais pas lui en vouloir, d'avoir passé le relais à nos proches, comme de vouloir retrouver une vie normale.
En apparence tout s'était apaisé...
J'avais pris le temps d'écouter mon compagnon raconter ses journées de classe, pour ensuite le regarder s'agiter autour de moi pendant les vacances d'automne. Ma notion de temps était bien lointaine, et j'avais l'impression de revivre sans fin le même type de journée.
Mon arrêt de travail pouvait dès lors se compter en mois, et l'émulation du collège même négative me manquait terriblement.
Je vivais mes souvenirs en mélangeant la peine et les sourires...Ce qui appela comme miraculeusement David à me rendre visite.
Il me réveilla un mercredi après la reprise sur le coup de midi, n'ayant plus aucun mal à trouver la cache pour les clés. Les petites rides aux coins de ses yeux étaient le signe qu'il n'avait pas ralenti la cadence de ses mauvaises habitudes. Pour autant sa voix dynamique me mit du baume au cœur immédiatement:
-"Hey Miss!! Je me suis dit...Que je devais te manquer!!!"
Je souriais instantanément, me relevant péniblement du canapé où j'avais eu l'autorisation de m'installer quand le lit devenait de trop:
-"Salut crooner!! Ca fait tellement de bien de te voir!"
-"C'est cool...Tu as l'air plus en forme!!"
-"Ouais...J'ai l'impression d'être une vieillarde, mais bon...On fait ce qu'on peut."
Je l'invitai à s'assoir à mes côtés, orientant mon regard vers la cuisine simultanément:
-"Si tu as envie de boire quelque chose, ne te gêne pas...Fais comme chez toi!"
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Quand nos yeux ont compris
RomanceCaroline a une petite vie plutôt bien rangée...Rien de vraiment exaltant... Comme tous les ans, elle se prépare à faire sa rentrée scolaire...Sauf que, pour cette fois...Elle passe de l'autre côté du décor...Vu que, ses années d'études sont belles e...