Attendre ou se résigner...

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Nous avions déjeuné dans le calme, nous jetant de petits regards furtifs par intermittence. Je n'avais pas ouvert la bouche, me concentrant sur mon café...Quelque peu honteuse, d'avoir été le point de départ de cette situation chaotique.

Je m'étais resservie plusieurs fois, remplissant ma tasse frénétiquement comme pour conjurer la fatigue induite par notre pseudo dispute. Amélie m'observait, une hésitation dans les pupilles...Pourtant elle rompit le silence, avec une certaine inquiétude :

-"Tu n'as rien mangé...Tu crois vraiment, que tu vas tenir, juste en t'enfilant toute la cafetière ?!"

-"C'est très rare, que j'avale autre chose que du liquide...Surtout avant midi !"

Le visage de ma belle, traduisait son analyse de mes propos. Je me repris dans l'instant, ne souhaitant pas de quiproquo :

-"Je ne carbure qu'au café...Parfois au thé...Ne va pas penser, que je me mets des mines, dès 8h du mat' !!"

-"Je n'ai rien pensé du tout...Il faut que tu arrêtes de croire, que tu véhicules cette image...Celle...Euh..."

-"Celle d'une gonzesse, qui picole jour et nuit ?! T'inquiète, je sais que tu ne me vois pas comme ça...C'est moi que je persuade !"

-"Bref, j'ai préparé des trucs...Si tu n'y goûtes pas, je vais me vexer !!"

J'attrapai une tartine, recouverte de miel...La portant vers ma bouche, tout en me tachant au passage. Un rire nerveux arriva de ma gorge...Je commentai ma maladresse, tout en tentant d'essuyer mon t-shirt avec le bout de mon doigt :

-"Je fais une exception, seulement parce que c'est toi ! Regarde moi ça...J'en ai plus sur moi, que dans la bouche !"

Amélie me tendit une serviette, continuant à me regarder avec insistance. Je pus discerner un léger sourire, la trouvant dans la seconde des plus irrésistibles. Je lui confiai ce qu'elle éveillait en moi, n'étant plus capable de retenir mes mots :

-"Tu m'emportes si loin...Quand tu me regardes comme ça !"

-"Désolée...Je ne peux pas m'en empêcher...Je vais me faire violence...Promis."

-"N'arrête jamais! Je me sens tellement vivante, à travers tes yeux!"

Soudain, je fus prise de panique...Traduisant ses mots, comme une césure...Comme une résignation. Je m'agitai sur ma chaise, laissant tomber ma tartine au passage. Je me ruai au sol...m'activant pour rectifier mon erreur.

J'étais repartie dans mes ruminations, faisant mon procès intérieurement...Quand, je sentis les doigts de mon coup de foudre saisir les miens :

-"Ce n'est pas grave...Je t'assure!"

Sans comprendre ce qui me subjuguait encore une fois, je fondis en larmes, sans possibilité de me faire violence. Amélie établit un contact visuel, plus que difficilement...Attrapant mon menton, pour me forcer à la regarder avec toute mon attention :

-"Si on profitait du temps qu'il nous reste ?! Plutôt que de se laisser envahir par la tristesse ??"

Je compris immédiatement, que la situation était aussi dure à gérer de son côté...Toutefois, j'oralisai mes peurs :

-"Le temps qu'il nous reste ? Tu ne crois pas...Euh...Tu n'es pas très optimiste...Pour nous?!"

- "Tu analyses trop Caro...Le temps qu'il nous reste, avant ta journée de formation !"

-"Amélie franchement...Ce n'est pas, ce que disent tes yeux...Même ta bouche se tord, quand tu m'adresses la parole !"

Sans attendre, un vent de confession m'arriva en pleine face...Validant mes doutes...Comme mes peurs :

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant