Les gens comme nous

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Je me retrouvai vite dans les couloirs austères de l'hôpital, après une mauvaise nuit et un levé aux aurores. Arthur faisait déjà les cent pas dans le service de traumatologie, détaillant le moindre patient s'installant à nos côtés. 

J'avais le regard dans le vide, imbibée par mon cocktail d'antidouleurs encore plus dosé que d'habitude, quand il me prit à partie:

-"Tu as vu...Le type là-bas ?!  Il est bien amoché!!"

Je relevai la tête, qui s'était affaissée dans mes épaules:

-"Ouais...Enfin...Tu sais, que ce n'est pas une compétition!"

-"Quand je le vois lui, je me dis que tu seras bientôt en pleine forme!!"

Le trop plein de positivisme de mon compagnon, eut don de me faire réagir avec véhémence:

-"Dans trois minutes...Après un "lève toi et marche"... Je serais toute neuve!! Un vrai miracle cet hosto!!"

Mon humour corrosif était encore une fois de trop:

-"Tu m'as promis de positiver! Ce n'est pas encore un bon jour, à ce que je vois!!"

-"Promettre...Un bien grand mot."

Mon esprit me martelait avec détermination l'intégralité de mes mensonges, y compris celui-ci. J'allais ajouter quelque chose, quand la porte de la consultation s'ouvrit: 

-"Caroline Roussel!"

Je m'orientai en direction de l'appel, retrouvant bientôt mon médecin qui me tendit une main chaleureuse:

-"Bonjour Caroline! Content de vous voir!!"

-"Bonjour Wolfgang...Même si je vous apprécie beaucoup, je n'aime toujours pas les hôpitaux!!"

Mon commentaire le fit sourire d'emblée. Il sera la main d'Arthur qui me suivait de près, nous invitant tous les deux à entrer dans une petite pièce exiguë. J'observai la décoration sommaire et datée, laissant venir mes mots sans filtre:

-"Si on nous répare aussi bien que la déco...Autant qu'on en finisse tout de suite!"

Mon amoureux étouffa un son gêné dans sa gorge, me fusillant du regard. Je repris, presque par défiance:

-"Quoi?? Tu ne vas pas me dire, que cet endroit inspire confiance??"

Wolfgang ne me laissa pas en ajouter plus, approuvant sans vouloir s'étendre:

-"Dernier arrivé...Dernier servi! J'ai bien compris, que vous n'aviez aucune envie de venir ici...Mais, il faut bien qu'on s'entretienne quelque part!!"

Sa posture appelait au sérieux, et à la plus grande des attentions. Je n'ajoutai rien. 

Après un silence, il me fit un clin d'œil:

-"Bon!!! Comment allez vous?? Vous avez l'air de bien supporter les traitements...Nous avons quelques examens à faire...Mais j'aimerai d'abord faire le point, sur ces quelques semaines."

A sa question ouverte, Arthur répondit du tac au tac...Une certaine angoisse et précipitation dans la voix:

-"Avec les médicaments...Elle dort tout le temps...Et si vous voulez vraiment savoir, quand elle ne dort pas...Elle pleure...Alors, je ne sais pas...Si c'est ça, bien supporter!?"

Je ne tardai pas à réagir, agacée qu'il m'infantilise et fasse autant de raccourcis:

-"Putain Arthur...Je suis la première concernée!! Tu me gonfles, quand tu fais ça!!"

Quand nos yeux ont comprisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant